Un courrier de la CNI (Coordination Nationale Infirmière) du 24 mars dont la présidente travaille au CHU de Poitiers
« Monsieur le Président de la République
Depuis des années, le Syndicat CNI revendique, se mobilise et dénonce les conséquences délétères des restrictions budgétaires, mais nous n’avons pas été entendus…
Nous
avions alerté sur les difficultés et exprimé notre inquiétude sur les
capacités des hôpitaux à pouvoir faire face à une crise sanitaire, mais nous n’avons pas été entendus…
Face
à cette crise sans précédent, le besoin d’équipements de protections
est énorme, en ville comme dans les établissements, pour les
professionnels de santé, les ambulanciers, les pompiers, les auxiliaires
de vies, les forces de l’ordre, …, les stocks d’état n’ont pas été
là, ils commencent seulement à être livrés ou partiellement livrés,
c’est factuel.
La
population l’a, elle, bien comprit, et c’est grâce à un formidable élan
de solidarité que nombre de professionnels peuvent se protéger, même si
certaines carences demeurent.
En clair, nous professionnels de santé avons besoin :
- De masques en quantité, de lunettes de protection, de sur blouses et de combinaisons étanches pour nous protéger,
- De respirateurs et de médicaments pour soigner nos concitoyens,
- De chambres d’hôtels comme vous l’avez promis, de taxis pour rentrer chez nous épuisés et de repas dans nos services pour que nos temps de repos soient de vrais temps de repos.
Nous
ne devrions pas avoir besoin de le demander puisque vous nous l’aviez
promis mais entre vos annonces et le terrain il y a comme une énorme
tranchée…
L’heure des questions, des identifications de responsabilités, viendra…mais l’urgence est ailleurs.
Lors
de votre prise de parole télévisée du 16 mars, Monsieur le Président de
la République, à 6 reprises, vous avez déclaré que nous étions en
guerre.
- Alors, Monsieur le Président, si nous sommes en guerre, faites donc cesser les dissonances de discours entre les ministres qui appellent à rester à la maison et ceux qui appellent à travailler pour penser à l’économie !
- Alors, Monsieur le Président, si nous sommes en guerre, aider à convertir, en urgence, certaines entreprises pour produire des masques (chirurgicaux et FFP2), des sur- blouses et des combinaisons étanches, des respirateurs, des médicaments définis par les experts…
- Alors, Monsieur le Président, si nous sommes en guerre, et que ceux qui hier étaient méprisés sont devenus vos fantassins, armez les de manière adaptée !
Alors, Monsieur le Président, si nous sommes en guerre et comme vous l’avez dit le 16 mars « quoiqu’il en coûte », faites assurer la logistique : mises à dispositions d’hôtels pour les personnels, d’aide aux transports, de repas, …
- Alors, Monsieur le Président, si nous sommes en guerre, permettez-nous de souligner que si nous, professionnels de santé, en ville comme au sein de nos établissements publics et privés nous répondons présents, c’est avant tout en professionnels. Notre action n’attend pas la reconnaissance de la nation et encore moins des médailles à titre posthume !
- Alors, Monsieur le Président, si nous sommes en guerre, croyez bien que l’histoire et les citoyens ne retiendront pas les discours mais les actes !
Céline LAVILLE
Présidente Syndicat CNI«
Source : http://syndicat-cni.org/2-non-categorise/224-lettre-ouverte-au-chef-de-guerre-emmanuel-macron.html