c’est rouge de honte que vous devriez vous présenter devant les symboles de la République, franchissant pour la seconde fois en vainqueur le seuil du Palais Bourbon pour retrouver votre siège. C’est en baissant la tête que vous devriez vous apprêter à mettre une nouvelle fois votre pas dans celui de ceux qui ont prononcé, en leur temps, le serment du Jeu de Paume.

C’est vrai que, comme eux, vous vous accrochez à votre siège et prétendez rester au service de la République… mais le parallèle s’arrête là où vous commencez à raconter votre histoire, une histoire faite de fiel, de sous-entendus, de manœuvres honteuses et de mensonges.  

Certes il n’y a pas de quoi être fier à faire le récit d’une campagne où, emboîtant le pas de votre majorité, vous avez fait en sorte que votre capitaine soit une seconde fois élu, non pas sur un programme, mais sur le rejet de sa désormais fidèle concurrente de second tour, Marine Le Pen. Concurrente que vous avez, avec vos camarades, nourrie 5 ans d’une politique banalisant ses thèmes, comptant bien la retrouver à nouveau prompte à provoquer ce fameux « sursaut républicain » qui sert si bien vos intérêts.

Il n’y a pas de quoi être fier de cette attitude sidérante de celles et ceux de votre camp, qui, s’installant dans les mots de votre président, ont rejeté hors du champ républicain toutes celles et ceux qui prétendaient s’opposer à un nouveau gouvernement macroniste, emballant dans le même rejet l’extrême droite raciste, xénophobe, factieuse, et menaçant les libertés et la gauche, toute la gauche, avec sa tradition d’accueil et de partage, ses valeurs républicaines et son histoire.

Il n’y a pas de quoi être fier, ce faisant, d’avoir ouvert largement les portes de l’hémicycle à un nombre record de député-e-s du RN, certains et certaines d’entre vous favorisant ouvertement dans les duels NUPES/RN, le ou la candidate d’extrême droite. 

Alors vous préférez raconter une autre histoire, une histoire qui pourrait, pourquoi pas, servir vos ambitions ministérielles dans un prochain gouvernement. Vous voudriez être celui qui est, c’est vrai réélu « d’extrême » justesse dans son fief, mais non pas parce qu’il y a pas vraiment convaincu, non pas parce que ses adversaires ont fait une campagne propre à combler un écart prévu insurmontable, mais parce qu’il aurait été victime de ce que vous qualifiez, d’un même mouvement et sans vergogne, « les deux extrêmes », racontant même qu’une alliance aurait été nouée entre eux. 

Sachez, Monsieur Houlié, que déclarer ceci, le faire déclarer par la porte-parole du gouvernement sur une antenne nationale, est une infamie. Une infamie d’abord parce que proférer un tel mensonge qui choque autant la vérité qu’elle blesse toutes celles et ceux qui, dans l’union, ont fait campagne pour la NUPES, toutes celles et ceux qui l’ont soutenue et ont voté pour elle, alors même que vous vous apprêtez à jurer devant tous les micros votre dévouement à la cause publique, montre bien où se situe votre niveau de morale personnelle.

Une infamie parce qu’elle insulte une candidate et des militants qui se sont engagé-e-s depuis des mois à faire reculer le vote d’extrême droite, dans des porte à porte inlassables, des rencontres multiples, portant un programme et des valeurs d’accueil, de partage, de solidarité, de libertés nouvelles, d’engagement, de connaissances mutuelles, d’émancipation, pour faire reculer la méfiance et l’opprobre, le préjugé et la haine, le rejet. En un mot pour remplacer peu à peu dans les cœurs et les têtes, la peur par l’espoir. 

Pour servir votre histoire personnelle, vous voilà, vous qui n’avez rien fait, vous qui avez associé le cynisme au calcul politicien jusqu’à dérouler ce fameux tapis rouge au RN jusque dans l’hémicycle, vous voilà ânonnant un tel mensonge, espérant bien, je pense, qu’il en reste quelque chose, suffisamment pour couvrir la vanité dont vous faites preuve en cette triste occurrence.

Je ne vous le pardonnerai pas : je n’ai aucun respect pour vous, espère bien que je n’aurai jamais l’occasion de refuser votre main. Je regrette d’autant plus votre courte victoire. Elle aura empêché de faire rentrer un peu plus de sincérité au Palais Bourbon, un peu plus d’authenticité, un peu plus de courage. Votre concurrente défaite, Valérie Soumaille, est une authentique militante de gauche, elle a multiplié, sa vie durant, les combats contre la menace d’extrême droite. Comme nous, ses militantes et militants. Nous accusant de passer une alliance avec le camp du rejet, vous nous avez gravement blessés. Mais vous vous êtes infligé une blessure plus grave. Vous êtes celui qui ne recule devant rien, vous êtes celui en qui on ne peut placer sa confiance. Vous ne défendez pas la république, vous en bégayez les mots sans même les respecter.

Jacques Arfeuillère

Jacques Arfeuillère

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