« Un train peut en cacher un autre »…

…en politique aussi avec les trains de mesures impopulaires. Le gouvernement Macron-Borne, comme si l’opposition à sa réforme des retraites ne lui suffisait pas, doit également affronter la grogne des anti-nucléaires contre son projet de relance du nucléaire. Il a en vue la construction de 3 paires d’ EPR 2, pour commencer à remplacer les réacteurs seniors bons pour la retraite. Il a confié à la CNDP (commission nationale du débat public) le soin d’organiser un débat dans le but de convaincre l’opinion d’ approuver son programme atomico-nucléaire.

Un débat partisan et stérile

Le débat suivait son cours de manière « traditionnelle » donc très partisane : les tribunes étaient animées par un staff d’intervenants issus du lobby nucléaire ( EDF, CEA, SFEN, IRSN, *…). L’opposition n’ayant droit qu’à un seul intervenant au temps de parole limité.

Les salles choisies présentaient des jauges de 200 places maxi. environ : le public était sélectionné.

Pendant ce temps, le Sénat, au mépris total du débat en cours, vote le projet de loi sur l’accélération du nucléaire, avec en prime l’abrogation des limites de production d’électricité nucléaire à 50% du total électrique et du plafond à 63,2 GWe par an.

Le débat de la CNDP qui n’a qu’un rôle consultatif devient de ce fait parfaitement inutile. Les dirigeants de la CNDP ont fait connaître leur réprobation et leur indignation. Voir le communiqué de la CNDP en fin de message.

En conséquence, les associations Greenpeace et le Réseau Sortir du Nucléaire ont claqué la porte du débat auquel il participait pour tenter de faire vivre la démocratie.

La bronca généralisée

Le 26 janvier 2023, la CNDP avait organisé un débat à Lille. Dans la salle, les opposants au projet ont manifesté bruyamment leur mécontentement et leur colère provoqué par le déni de démocratie de la procédure. Le débat a été interrompu et clos par anticipation, comme avorté. La vidéo de cet événement a été supprimé de YouTube .

Le 2 février 2023 : idem, réunion-débat de la CNDP à Lyon, interrompue par le chahut des opposants.

Le 7 février, une réunion en visio-conférence était programmée ; elle a été annulée

Et après ?

Le 16 février un autre débat est organisé par la CNDP à Tours.

Il faut s’inscrire pour y participer .

Ce jour là, un rassemblement anti-nucléaire est prévu à Tours, face à la réunion de la CNDP, pour affirmer son désaccord avec la relance du nucléaire d’une part et le mépris du gouvernement affiché vis à vis du débat public d’autre part.

La sinistre actualité plaide en faveur de la sortie du nucléaire.

Les centrales nucléaire ukrainiennes sont au milieu d’un terrain de guerre qui compromet gravement leur sûreté. Dans l’état où se trouve l’Ukraine en ce moment, elle n’a vraiment pas besoin d’un nouveau Tchernobyl. Ce risque n’est jamais pris en compte au moment de décider de la construction d’un réacteur réputé civil, mais cible stratégique en cas de guerre… La vulnérabilité d’un pays fortement nucléarisé ne saurait être compensée par la possession de la bombe atomique, mais qui en a conscience en France ?

Le terrible séisme qui sévit en Turquie en ce moment a frappé la centrale nucléaire en construction de Akkuyu. Rosatom y construit quatre réacteurs de 1200 MW. La magnitude n’y était que de 3, donc, pas de dégâts, on continue … ! Cette région de Turquie est une des plus exposée aux séismes du monde. Un autre projet de centrale turque est toujours à l’étude à Sinop, sur la mer Noire ; il devait être réalisé par AREVA malheureusement démantelée…il pourrait être repris par Rosatom.

Omerta sur tout ce qui nuit à l’image de l’atome.

  • La presse ne parle pas des péripéties du débat CNDP, pas plus qu’elle n’a informé de la tenue de ce débat pourtant réputé public, mais qui en fait se révèle plutôt privé. Silence dans les rangs !
  • Silence aussi sur les risques de guerre pour les réacteurs nucléaires si visibles et si vulnérables.
  • Et en situation de séisme, la presse ne dit rien à propos des centrales nucléaires, comme si Fukushima n’avait pas existé !.

Jacques Terracher, le 08/02/23

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EDF = Energie du Feu

CEA = Commissariat à l’énergie atomique

SFEN = Société française d’énergie nucléaire = association pour la propagande du nucléaire.

IRSN = Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, bureau technique de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire)

Communiqué de la CNDP du 08/02/23 :

Projet de construction de deux réacteurs nucléaires « EPR2 » sur le site de Penly, dans
le cadre de la proposition de programme de nouveaux réacteurs nucléaires en France
d’EDF (76) :

La Commission nationale considérant :

  • la disposition du code de l’environnement disposant que le droit à l’information et à la participation du public à l’élaboration des projets doit porter sur l’opportunité des projets, leurs alternatives et leurs caractéristiques ;
  • l’adoption par le Sénat, le 24 janvier 2023, du projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes,comportant des dispositions qui anticipent les décisions à prendre sur l’opportunité du projet ;
  • l’impossibilité de conduire les réunions de Lille et de Lyon conformément aux
    modalités initialement prévues ;
  • les conclusions du Conseil de politique nucléaire du 3 février 2023 annonçant la nécessité de clarifier la gouvernance des projets
  • les questions spécifiques à la gouvernance de la politique nucléaire liées à la place du public dans
    l’élaboration des décisions ;

a décidé que les modalités du débat validées par la décision du 7 septembre 2022 devaient être modifiées. La commission particulière en charge du débat public devra donc traiter spécifiquement jusqu’à la fin du débat public l’enjeu de la place du public dans la gouvernance de la politique nucléaire.

Chantal JOUANNO

Rédaction

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