10 000 personnes déjouent le blocage policier, marchent sur une coopérative responsable de l’accaparement de l’eau et désarment une méga-bassine avec un dispositif expérimental.

Ce 19 juillet, malgré un dispositif policier une nouvelle fois très agressif et l’interdiction de la manifestation, 600 cyclistes ont réussi à aller au pied des méga-bassines du géant de l’élevage industriel Pampr’oeuf, pour les désarmer magiquement avec des lentilles d’eau. Pendant ce temps, 10 000 personnes ont marché en direction de l’entreprise Terrena, un des principaux promoteurs des méga-bassines dans les Deux-Sèvres, avant que la police ne mette le feu aux champs.

Car tout avait pourtant été fait par le dispositif policier massif pour bloquer et faire déraper la manifestation. Dès l’aube, des blocages, gazages et contrôles systématiques ont cherché à empêcher les cortèges de partir du village, puis de converger, sans succès. Pire, cet après-midi les gendarmes ont préféré tirer massivement des grenades lacrymogènes en plein champs secs… mettant le feu à la plaine entière et en mettant en danger toutes les personnes présentes. 

Littéralement, c’est la politique de la terre brûlée qu’a choisie Gérald Darmanin plutôt que de laisser passer des manifestant-e-s dans un champ vide. A eux maintenant d’en assumer la responsabilité.

Résolument déterminé-e-s à  ne pas laisser les gendarmes les blesser comme l’an dernier à Sainte-Soline, les manifestant-e-s ont usé de nombreux stratagèmes pour éviter l’escalade de l’affrontement et tout de même atteindre leurs cibles. 10 000 personnes ont fini par se rassembler vers 14 h au Pré sec sur la commune de Migné-Auxances. Après un pique-nique en fanfare  et des prises de parole, la foule s’est élancée vers l’usine Cerience, la filiale semence de Terrena. 

Cette méga-multinationale est en effet l’un des principaux promoteurs des méga-bassines du Poitou et interlocuteur privilégié de la préfecture, comme représentant de l’usage agricole de l’eau.

Nous avons déposé un panneau d’expropriation en réponse au panneau de permis d’aménager posé récemment pour la Bassine de Saint-Sauvant. Le message est clair, dans la Vienne, en Deux-Sèvres et ailleurs, on ne compte laisser passer aucun chantier de méga-bassines sans encombre. On s’attaquera désormais aux grosses entreprises qui s’accaparent l’eau et spéculent sur les fruits de l’agriculture et sur le dos des paysan.nes. Après les incendies lancés au milieu des manifestant.es par les forces de l’ordre sur les champs moissonnés, il a cependant été décidé de rebrousser chemin pour ne pas se mettre en danger et préserver des énergies résistantes pour le manifestation du lendemain au port de La Pallice.

Mais pendant ce temps, un cortège vélo fort de 600 cyclistes est arrivé jusqu’au pied de deux méga-bassines dédiées aux fermes-usines de volaille du groupe Pampr’oeuf. Ils ont planté 3 épouvantails pour repousser les menaces de nouvelles bassines. Pour désarmer la seconde bassine du groupe, les manifestant·e·s accompagné·e·s des Naturalistes des Terres ont utilisé des cerfs-volants Ceux-ci ont volé au-dessus du cratère au nez et à la barbe des gendarmes gardant la bassine pour y larguer des lentilles d’eau dans un moment de liesse. Ces lentilles se développent ensuite dans l’eau stagnante de la bassine et en bouchent les pompes et tuyaux, mettant ainsi l’ouvrage hors d’état d’accaparement ! En ayant atteint une bassine, les lentilles incarnent la possibilité d’une revanche des habitant·es des marais contre l’accaparement de l’eau.

Pampr’oeuf produit 850 millions d’œufs par an conditionnés à Pamproux, plus gros industriel de France avec 15% du marché. Ce mastodonte produisant des œufs de batterie a plusieurs fois défrayé la chronique ces dernières années à l’occasion d’une infiltration par drone en décembre 2021 de l’association L214 relevant d’actes de cruauté et de violence, une plainte pour « mauvais traitements » et « actes de cruauté » a été déposée, puis, plus récemment, de l’abattage de 285 090 poules pondeuses enfermées en bâtiment, macabre record français à la suite d’un cas de grippe aviaire en 2023. La famille NERAULT propriétaire des entreprises Pampr’oeuf et Logistic’oeuf (4 millions d’euros de chiffre d’affaire), possède ces 2 méga-bassines construites en 2008, de 200 000 m3 (la bassine ovale) et 150 000 m3 (bassine triangulaire). La famille est actuellement en train de vendre Pampr’oeuf au groupe Terrena. Cibler Pampr’oeuf, c’est s’attaquer à la grande bourgeoisie agricole et dévoiler que les méga-bassines alimentent souvent les modes de productions les plus nocifs. 

Les manifestant-e-s vont se retrouver ce soir au village de l’eau où 8 000 personnes étaient déjà présentes hier. Dès demain matin, nous serons tous.tes à la Rochelle pour la seconde grande journée de mobilisation, remonter la filière et bloquer le port de La Pallice.

Rendez-vous à 10h au parc Charruyer dans une ambiance de fête et de carnaval !

Aujourd’hui encore, le mouvement anti-bassines se renforce en nombre et en ingéniosité, jusqu’au moratoire et la fin des méga-bassines. No bassaran ! « 

Ci-dessous des photos du comité, libres de droits. Nous les en remercions.

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Rédaction

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