Au jeu des pronostics, on est sûr de gagner : beaucoup de monde à Poitiers aujourd’hui sur une place de la mairie envahie de personnes bien conscientes d’être là pour dire leur défiance, leur colère, leur émotion, une volonté commune d’arrêter cette insupportable dérive autoritaire du pouvoir en place. Alors combien ce samedi 28 novembre ? On annonce 2 000, sûrement plus mais à coup sûr bien au delà de la semaine passée. Il faut dire que l’on a été servi cette semaine avec une répression féroce de migrants à Paris suivie d’images d’une violence insupportable contre un producteur de musique… avec les conséquences que l’on connaît. Triste litanie de l’aveuglement de ce pouvoir et d’autres avant lui : loi travail, gilets jaunes, retraites, personnels soignants, avocats,… la liste ne fait que s’allonger.
Mais de quoi s’agit-il ? Assurer une « sécurité » illusoire en portant une atteinte aux libertés jamais vue dans le cadre d’un régime démocratique. Sauf à comparer ce qui ne devrait pas être comparable, il n’y a que dans des régimes politiques d’exception que l’on porte ainsi atteinte aux libertés individuelles et collectives, au nom de la défense de la démocratie en plus ! Et voilà que le « Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU » s’en inquiète ! Selon 3 rapporteurs de cette institution, sollicités par le Ligue des Droits de l’Homme, ainsi rédigée, la proposition de loi porte « des atteintes importantes aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales, notamment le droit à la vie privée, le droit à la liberté d’expression et d’opinion, et le droit à la liberté d’association et de réunion pacifique » ce qui place la France en contradiction avec la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention européenne des droits de l’homme. Si même l’ONU s’en mêle…
Alors, et les forces de l’ordre dans tout cela ? Mais quel ordre est ainsi défendu ? Pour que le respect redevienne la règle, il faudra d’abord qu’il soit mutuel et que les « fonctionnaires d’autorité » dont la parole est forcément vraie, les actions forcément justifiées (sauf quand une caméra dit le contraire) ne se considèrent pas comme tout puissant. Ce que le pouvoir en place leur laisse penser avec ses lois faites sur mesure.
La suite maintenant ? On se reverra bientôt, Macron, Darmanin et les autres ne nous laissent pas le choix.
D. Leblanc