Le Préfet de la Vienne, ancien directeur de campagne de Macron, avait interdit ce jeudi 19 octobre à 18h00 un rassemblement « pour un paix juste et durable » dont voici le texte qu’il est important de lire pour comprendre la suite.
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Appel unitaire pour une paix juste et durable
L’escalade meurtrière au Proche-Orient a connu la semaine dernière une terrible accélération avec l’inacceptable attaque du Hamas le 7 octobre.
Nous exprimons notre plus grande solidarité avec les victimes civiles d’Israël et de Palestine. Avec les organisations pacifistes et de défense des droits humains en Israël et en Palestine, nous dénonçons les crimes contre les civils commis par le Hamas et ceux commis par Israël en représailles.
Il y a urgence :
– à arrêter ces massacres,
– à un cessez-le-feu,
– à la libération des otages,
– à s’opposer au crime humanitaire que constitue l’action militaire du gouvernement d’Israël avec le siège total, les bombardements et l’offensive terrestre contre la bande de Gaza.
Outre les conséquences immédiates pour des millions de civil·es, c’est la possibilité d’une paix juste et durable pour toutes celles et ceux qui vivent dans cette région du monde qui s’éloigne encore.
Il faut rouvrir le chemin de la paix pour les Israélien·nes et les Palestinien·nes !
Poursuivre cet objectif implique de faire respecter les résolutions de l’ONU et le droit international : reconnaissance de l’État de Palestine, démantèlement des colonies et retrait des troupes israéliennes des territoires palestiniens, levée du blocus contre Gaza en place depuis 2007. À ce titre, nous dénonçons l’attitude de la France et de l’UE qui n’agissent pas contre les choix politiques des gouvernements Israéliens successifs qui ne respectent pas le droit international avec la colonisation des territoires occupés et ce que les rapporteurs de l’ONU qualifient d’apartheid tout comme par exemple Amnesty International ou l’ONG israélienne B’Tselem.
Nous dénonçons le gouvernement Français qui instrumentalise l’émotion légitime que nous ressentons tou·tes devant l’horreur pour désigner des ennemis de l’intérieur et s’attaquer aux libertés fondamentales notamment celle de manifester.
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Le texte est signé par la Comité de la Paix, le PCF86, le NPA86, la LDH de Poitiers, LFI, JC, CGT86, Solidaires86 et GES. Par la suite s’est ajoutée EELV.
Le rassemblement interdit (voir les motifs de la Préfecture ici) s’est transformé en réunion dans la cour de la Maison du Peuple où une centaine de personnes ont écouté la lecture de l’appel.
Le rassemblement dans l’espace public n’a donc pas eu lieu. Il faut dire aussi que le dispositif policier autour de la Maison du Peuple était imposant. Par contre chacun-e est reparti-e avec un lot de tracts de l’appel à distribuer, avec une mention « censuré » sur la date du rassemblement interdit. Le voici en pdf.
Un cameraman de France 3 a eu l’inculture de demander à la CGT pendant l’interview si c’était bien le rôle d’un syndicat de s’intéresser à la situation internationale (« prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »). Il est même allé jusqu’à demander si c’était bien normal qu’il n’y ait que le drapeau palestinien dans la cour et pas celui d’Israël (l’État israélien bombarde non pas seulement le Hamas mais bien la moitié du territoire palestinien, avec les civils qui y habitent).
Le même jour, alors que les journalistes de la presse locale ont su être mesuré-es et ne pas céder à l’hystérie médiatique de la presse nationale, le rédacteur en chef de la NR/CP explique dans son édito que tous les mots de l’appel sont bien jolis mais que tout ça n’est qu’un cache-sexe pour l’antisémitisme des JC, du NPA et de LFI. Et que donc l’interdiction est justifiée.
Que ne mentionne-t-il pas La Ligue des Droits de l’Homme, qui a signé également l’appel, la Ligue qui est née de l’affaire Dreyfus ? Est-elle composée d’une bande de naïfs et naĩves manipulé-e par les antisémites ? Les JC sont antisémites mais pas le PCF ? Et EELV ? Et les syndicats signataires ?
Même si le rassemblement avait été appelé sans LFI, JC et NPA, il aurait été de toute façon interdit.
Curieuse façon de faire son métier de journaliste que de présenter le monde en « bon ou mauvais », « pour ou contre ».
Le problème ne serait-il pas plutôt que LFI, JC et NPA remettent en cause un tant soit peu le système capitaliste et que donc tous les coups et les calomnies sont permises contre eux pour les séparer de la gauche agréée par le système politico-médiatique ?
P.C.