La suite vous prouvera que non.

La décision d’E. Macron de dissoudre l’assemblée nationale et de ne donner que trois semaines à une campagne électorale (dont une partie pendant les grandes vacances) est difficilement compréhensible. Nous émettons l’hypothèse qu’après la victoire du R.N. aux Européennes et la division de la gauche, notre Président a vu là une opportunité de se trouver une nouvelle majorité au parlement français.

En effet, le R.N. avait, pendant les deux dernières années de législature, donné des gages de continuité économique avec le macronisme : vote contre la taxation des superprofits, contre la hausse du SMIC, etc.

Cette hypothèse du calcul macronien paraît crédible quand, à la vue des sondages qui les donnaient gagnant avec une majorité absolue, Bardella-Le Pen ont renoncé en toute hâte à toute une série de mesures sociales de leur programme économique pour se couler dans le moule du MEDEF et du libéralisme : fini l’abrogation de la retraite à 64 ans, ne donner du pouvoir d’achat qu’en baissant les « charges » et donc les rentrées dans le budget de l’État et de la Sécu, etc.

Le R.N. c’est bien du Macron avec le racisme en plus.

Manque de chance, le calcul de Macron a lamentablement échoué, laissant un Président isolé dont la légitimité ne cessera de dégringoler.

La trajectoire de S. Houlié

Ce détour était nécessaire pour comprendre la trajectoire de notre député local S. Houlié.

Quand il était lycéen à Jaunay-Clan et étudiant à Poitiers, il militait dans la tendance Strauss-kahnienne du Parti Socialiste, du nom de cet homme politique (« DSK » Dominique Strauss-Khan) qui était directeur général du F.M.I. puis le grand favori du P.S. pour les élections présidentielles de 2012. Mais une tentative de viol de DSK aux États-Unis a écarté ce favori des sondages et des marchés du pouvoir institutionnel et c’est François Hollande (PS) qui a été élu Président. Loupé pour S. Houlié cette fois-ci.

François Hollande Président a mené une politique de droite économiquement (la loi-travail notamment) avec Manuel Vals comme premier ministre frappeur de manifestant-es et… Emmanuel Macron comme ministre de l’économie. La politique d’Hollande a tellement plu à la population que, pour la première fois de la V° République, le Président ne s’est même pas représenté pour un deuxième mandat.

Les jeunes avec Macron

C’est donc là qu’Emmanuel Macron a saisi l’opportunité de ce vide politique pour devenir candidat aux élections présidentielles de 2017. Candidat quasi inconnu au départ il a été soutenu par les marchés financiers et donc par toute la presse nationale. Et là, le destin allait sourire à S. Houlié qui s’est lancé à corps perdu dès le départ dans « Les jeunes avec Macron ». Devenant un des bras droits du Président qui l’a catapulté Président de la Commission des Lois.

Macron II

Pour le deuxième mandat présidentiel de Macron, le Président « et de droite et de gauche », le fameux « en même temps », n’avait pas de majorité absolue au parlement. D’où les 49.3 à répétition, la Brav-M et tutti quanti, bref une politique ni de gauche… ni de gauche. Et là notre ami S. Houlié a finement, à la fois soutenu toute la politique de Macron, les 49.3, la réforme des retraites ET « émis des réserves » publiques, comme dit gentiment la presse, notamment sur la loi «immigration » calquée sur le programme du R.N. Ainsi, il se positionnait comme leader de « l’aile gauche » du macronisme.

Macron 0.0

Lors de ces élections législatives de 2024, il reçoit le soutien publique au deuxième tour des amis de l’ancien maire PS de Poitiers, A. Claeys. S. Houlié a toujours plusieurs fers au feu. Car l’implantation locale est nécessaire pour poursuivre une carrière politique : les prochaines élections – si Macron tient jusque là, ce qui est loin d’être sûr – sont les élections municipales de 2026.

Après la Bérézina du calcul de Macron pour ces élections législatives, S. Houlié est donc en train de construire un nouveau parti « social-démocrate ». Il quitte le navire Macron qui est en train de couler pour fonder autre chose : un macronisme économique mais sans le racisme. C’est exactement ce qui caractérise le Parti Socialiste de Poitiers ! Voir notre article La dérive sans retour du Parti Socialiste de Poitiers

Alors ? Girouette opportuniste, Sacha Houlié ?

Nous répondons : pas du tout !

Ses idées, depuis ses débuts en politique, se retrouvent encore aujourd’hui. Il s’agit du « social-libéralisme », celui du Parti Socialiste d’avant, le temps merveilleux où les Mitterrand-Hollande (et localement le député A. Claeys) pouvaient encore accentuer les inégalités sociales et les privatisations en faisant avaler la pilule par l’instauration d’une grande mesure civilisationnelle positive, une à la fois, comme le mariage pour tou-tes par exemple.

S. Houlié est fidèle à lui-même : c’est un social-libéral et c’est d’abord pour ça qu’il faut le combattre.

P. C.

P.C.

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