Lue lors du rassemblement du 22 juin 2024 à Poitiers :
« Le 14 mai dernier, le gouvernement français lançait une nouvelle offensive contre le peuple kanak. Après des mois de mobilisations pacifiques, le vote du dégel du corps électoral constitue une nouvelle provocation et confirme la recolonisation du territoire amorcée depuis 2021. Face à la révolte, comme par le passé, l’État français pratique une politique de répression féroce.
Le soulèvement d’un peuple
Darmanin a taxé les militantEs indépendantistes de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), de « voyous », de « mafieux », « non politiques »… C’est un procédé rodé des États impérialistes de criminaliser et disqualifier les coloniséEs. Mais la mobilisation en Kanaky est populaire. Des grèves dans plusieurs secteurs et des opérations de barrages filtrants ont paralysé le pays. Le mouvement est particulièrement fort dans la jeunesse qui se mobilise depuis plusieurs semaines contre cette nouvelle dépossession coloniale, mais aussi contre les discriminations racistes et sociales quotidiennes.
Trente ans après les accords de Nouméa, les inégalités sont abyssales. À compétences égales, ce sont les métropolitains qui occupent les emplois au détriment des travailleurEs kanaks. Véritable racisme systématique, cette hiérarchisation sociale est totalement revendiquée par les loyalistes qui veulent maintenir cet ordre colonial. Cette « Légalité coloniale, cet “Ordre républicain”, permet toutes les injustices », écrivait le leader indépendantiste kanak Éloi Machoro assassiné en 1985 par le GIGN.
Une répression coloniale tous azimuts
La Kanaky est dans la liste des territoires de l’ONU qui sont des territoires à décoloniser. Mais pour l’État français, renoncer à sa colonie, c’est renoncer à 30% des ressources mondiales de nickel, aux ressources maritimes et à la position géostratégique du territoire pour assurer ses opérations militaires. L’Etat français opprime et réprime le peuple kanak depuis plus de 170 ans, tentant de le rendre minoritaire en le diluant toujours davantage dans un corps électoral élargi.
Quand les manipulations démocratiques ne passent pas, c’est le choix d’une répression féroce qui préside. Couvre-feu, État d’urgence, répression dans le sang, vagues d’arrestations… C’est le vrai visage de l’État colonial qui a déployé un important dispositif de gendarmes, de CRS, du GIGN, du RAID relayé sur place par les milices loyalistes caldoches. L’histoire de la colonisation française en Kanaky est jalonnée de massacres. Les accords de Matignon en 1988, consolidés par ceux de Nouméa en 1998, censés assurer le droit à l’autodétermination du peuple kanak, sont piétinés par Macron. L’État colonial français ne sera jamais l’allié des Kanaks.
Le combat des Kanaks est celui de tous les oppriméEs
Face à cette nouvelle provocation du gouvernement français, il faut démonter le discours colonial qui à longueur de médias décrédibilise et délégitime la révolte des Kanaks. Des mobilisations à l’initiative du Collectif Solidarité Kanaky, dont nous sommes partie prenante, sont organisées un peu partout. L’ensemble du mouvement ouvrier et de la jeunesse doit se solidariser avec le peuple kanak pour peser sur notre propre impérialisme.
Nous exigeons le retrait definitif du projet de loi sur le dégel du corps électoral, la libération des prisonniers politiques, l’abandon des poursuites pour les inculpés, mais aussi le respect du droit à l’autodétermination du peuple kanak avec l’ouverture de discussions pour un processus de décolonisation. Des Kurdes aux Palestinien·nes, la lutte des Kanaks est celle de tous les peuples opprimés dans le monde.
Le NPA l’Anticapitaliste tient évidemment à apporter son soutien aux 11 personnes placées en garde à vue mercredi 19 juin. Elles sont mises en cause parce qu’elles participent à la CCAT, la Cellule de Coordination pour les Actions de Terrain qui s’est montée en novembre 2023 pour porter dans une démarche unitaire l’opposition au dégel du corps électoral. Il s’agit donc d’arrestations purement politiques, auxquelles l’État tente de donner l’apparence de la lutte contre la criminalité. Plusieurs des mis en cause, dont Christian Tein, la figure emblématique de la CCAT, se sont rendus d’eux-mêmes aux autorités en apprenant qu’une procédure était en cours. C’est vous dire leur bonne foi.
C’est aussi leur manière de révéler ce qui est à l’œuvre : la criminalisation d’une revendication politique légitime, celle de l’autodétermination du peuple Kanak. Dans un communiqué le 19 juin, la CCAT a immédiatement dénoncé ces arrestations et cette « manœuvre coloniale d’un autre temps », et dans le même temps a appelé au calme pour ne pas tomber dans le panneau de la provocation.
Le NPA l’Anticapitaliste soutient la CCAT et les camarades arrêtés et exige l’arrêt immédiat du processus de mise au pas du peuple Kanak et de recolonisation de la Kanaky.
Vive la Kanaky libre et indépendante. »