La mobilisation du 18 mars 2018 à Migné-Auxances contre les « bassines », pour un autre modèle agricole, était préparée par une coordination d’association soutenue par des organisations politiques.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas bien le thème, nous vous invitons à lire le tract de la coordination ici

La journée commençait le matin à 11h00

Pascal Canaud, pour Alternatiba Poitiers, rappelait que cette journée était un succès.

[les photos siglées et celles de petit format sont de François de « Bien Vivre en Val de Boivre ».
Les photos non siglées sont de Séverine Lenhard. Merci à lui ! Merci à elle !]

Succès de participation d’abord puisqu’il y avait plus de 300 personnes dans la salle, de nombreux élu-es (maires, conseiller-es municipaux, Régionaux, deux députés). Succès également d’avoir réuni des organisations de consommateurs, de protection de la nature et paysannes.

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Succès démocratique aussi  : nous avions déjà réussi à sortir le thème des bassines des salons feutrés de la préfecture et de la chambre d’agriculture pour le porter sur la place publique. La presse avait largement relayé l’initiative, nous avions joué à plein la carte des réseaux sociaux et la distribution de tracts à Vivonne, Gençay, Vouillé, Poitiers, Les Roches Prémaries, la Villedieu du Clain et, last but not least, à Migné-Auxances où l’ADEMA nous recevait salle Jean Ferrat

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L’association « Points de vue citoyens« , qui par ailleurs filmait toute la journée,

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nous a présenté cette courte vidéo très instructive

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Michel Gérard, « citoyen consommateur d’eau », ingénieur agricole qui a beaucoup travaillé dans le domaine de la gestion, exposa, chiffres à l’appui, les aspects économiques du modèle qui consiste à pomper de l’eau dans les nappes phréatiques en hiver pour irriguer des plantes d’exportation comme le maïs. Ce modèle ne vit que par les énormes subventions publiques mais, même ainsi, il est de moins en moins rentable car le cours du maïs chute et celui de l’énergie ne cesse d’augmenter.

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Jean Louis Jollivet, vice président de Vienne Nature et de  Poitou Charentes Nature a soulevé les aspects juridiques, les connivences institutionnelles des élu-es avec le lobby des irrigants, la nécessité de lutter sur tous les terrains pour que ne se construisent pas les bassines.

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Michel Debiais, administrateur local et national de l’UFC Que Choisir, a démontré la gabegie d’argent publique de ce modèle agricole (cf diaporama ici en power-point)

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Nicolas Fortin, éleveur bio (cochons et bovins) à La Puye, porte-parole de la Confédération Paysanne de la Vienne a comparé ce modèle subventionné, polluant et écologiquement catastrophique avec un autre modèle agricole possible, créateur d’emploi et produisant des produits de qualité.

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Un débat a suivi avec la salle.

Frédéric Brochet, du domaine viticole Ampelidae a rappelé que notre région a été majoritairement viticole par le passé, que la vigne est adaptée aux changements climatiques tel qu’ils se manifestent sur notre territoire, que le vin s’il est de qualité n’a pas de problème de débouché, est créateur d’emploi,que les cultures intensives industrielles détruisent les paysages

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Jacques Savatier, député « En Marche » de la 1ère circonscription de la Vienne, a parlé longuement, très longuement pour, si on a bien compris, dire qu’il n’était pas favorable au projet des 43 bassines en Vienne, qu’il fallait que les présent-es fassent confiance aux décideurs-responsables de tout poil  pour que les choses aillent pour le mieux, et que lui même pense qu’il n’aura  pas à voter pour ou contre, bien au contraire

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Benoît Vanneck a lu la position de la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) à lire ICI

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Nicolas Turquois, député « En Marche » de la 4° circonscription de la Vienne a été fraîchement accueilli. Il a rappelé qu’il est lui-même exploitant agricole et irrigant. Pour lui, il est de toute façon nécessaire d’arroser, de faire de l’irrigation mais pour le maïs et le nombre de bassines, il faut voir.

La rumeur dit qu’il ne serait pas opposé à ne pas construire toutes les 43 bassines, peut-être que du tabac bio exporté vers les pays arabes, ça pourrait aussi faire du blé (!)

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Philippe Girault, adjoint à la maire de Migné-Auxances, a rappelé que le conseil municipal, lors de l’enquête publique où l’ARS s’était exprimé contre les bassines, avait lui-même émis un avis défavorable aux bassines.

Regrettons que par la suite, à l’exception des élu-es « Osons Poitiers », les élu-es de la communauté urbaine de Grand Poitiers (dont ne fait plus partie Ph. Giraud) aient voté l’autorisation de construire la bassine de Migné-Auxances lors du vote du PLUI (Plan Local d’Urbanisme Intercommunal).

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Léonore Mondcond’huy, conseillère Régionale EELV, a été chaudement applaudie pour son discours clairement contre ce projet. Le groupe EELV déclare que le vote pour un financement régional des bassines, prévu en mars, a été repoussé en juin parce que les mobilisations se développent dans le 17, le 79 et le 86 contre les bassines.

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Au fond de la salle une carte était proposée aux participant-es pour interpeller le président de Région, Alain Rousset, pour que la Région ne vote pas de financement aux bassines.

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Un militant des Deux-Sèvres, ancien maire d’une petite commune du Marais poitevin, a détaillé la lutte impressionnante menée dans ce département contre les bassines.

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Le maire des Roches-Prémarie-Andillé a évoqué la construction passée des deux gigantesques bassines sur sa commune, l’aberration du gaspillage d’eau pour le maïs en même temps que le manque d’eau simultané pour d’autres cultures, l’aberration de construire des bassines sur des failles géologiques, la folie de rajouter trois ouvrages pharaoniques supplémentaires sur sa commune.

Après le repas partagé sorti des paniers, nous nous sommes dirigé-es en cortège motorisé encadré par la gendarmerie et la police vers le lieu de la manifestation pédestre.

Dans ce paysage désolé,

où trônent des centaines de mètres d’arroseurs industriels, sans haies, dont le sol reçoit tant d’intrants chimiques, la manifestation de plus de 600 personnes (la presse dit 400 à 500 mais nous on a compté) a mis de la couleur et la musique du concert de bassines

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En fin de manifestation, Pascal Canaud d’Alternatiba Poitiers a souligné l’importance de cette première mobilisation dans la Vienne, en mettant l’accent sur les conditions de la réussite : critiquer ce qui est négatif (les bassines) et mettre en évidence qu’une alternative est possible et déjà là (un autre modèle agricole) ; s’adresser aux citoyen-es/consommateurs/contribuables pour « sauver notre eau, notre santé, nos euros ».

Il a rappelé un prochain 40° anniversaire, le 22 juin, et conclu en reprenant le célèbre slogan « ce n’est qu’un début, continuons le combat »

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Delphine Batho, député des Deux Sèvres et ancienne ministre de l’écologie virée à l’occasion de la mort tragique de Rémi Fraysse à Sivens, a fait le lien entre la mobilisation ici et dans le 79, a résumé tous les arguments contre cette aberration des bassines, a mis en évidence le scandale de construire des bassines contre l’avis de l’Agence Régional de Santé comme si notre santé valait moins que les profits de quelques industriels de l’agriculture.

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Jacques Pasquier de la Confédération Paysanne a conclu la manifestation en montrant, dans le « paysage » autour de nous, sur ce lieu même où il est prévu de construire une gigantesque bassine, les éléments de ce type d’agriculture intensive, industrielle, consacrée à l’export, hyper subventionnée, pauvre en emploi, dévastatrice pour la terre, la santé des êtres vivants et pour l’eau.

Résumons.

Ce n’est qu’un début.

Mais un beau début.

Continuons le combat !

PC

Rédaction

3 réactions sur “Bassines, une première mobilisation réussie à Migné-Auxances

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