Un agriculteur convoqué à la gendarmerie suite à une action syndicale de la Confédération Paysanne de la Vienne
Janvier 2024 : au pic d’une colère agricole populaire de grande ampleur, l’hypermarché Auchan de Chasseneuil-du-Poitou voit débarquer des tracteurs de la Confédération Paysanne de la Vienne et des dizaines de paysan·nes, ouvrier·es et sympathisant·es. Motif ? La grande distribution empêche les agriculteur·ices de vivre dignement de leur travail, en vendant leurs productions en-dessous du prix de revient – et avec des marges très confortables, nourrissant les actionnaires plus que les consommateurs. Et les accords de libre-échange nivellent toujours plus bas les prix et la qualité, sacrifiant les agriculteur·ices du monde entier sur l’autel des marchés.
Novembre 2025 : rien n’a changé, le monde agricole s’oppose en bloc à l’accord de libre-échange UE/Mercosur… et François, maraîcher, reçoit la visite de deux gendarmes sur sa ferme. Motif ? L’agriculteur est convoqué pour « complicité de vol en réunion » pour avoir participé à l’action sus-mentionnée. L’enquête le vise personnellement, alors que c’est la Confédération paysanne de la Vienne qui a porté et mené cette action, a revendiqué et revendique toujours d’avoir permis à quelques client·es de passer gratuitement avec leurs caddies, occasionnant des pertes absolument dérisoires pour l’enseigne. À des années-lumières, donc, du seul vol en réunion qui doit nous inquiéter : celui de la valeur du travail des agriculteur·ices, commis en bande organisée par la grande distribution, avec la complicité des autorités économiques et politiques.
« On ne répond pas à la souffrance en envoyant des CRS […] Est-ce que les agriculteurs ont le droit de revendiquer et est-ce qu’ils souffrent ? Oui. Est-ce qu’on doit les laisser faire sans envoyer les CRS ? Oui. ». Ainsi s’exprimait sur TF1 le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, la veille de cette action. Devenu entre-temps ministre de la Justice, quand prendra-t-il la parole pour continuer son digne combat d’alors ? L’entendra-t-on tonner : « On ne répond pas à la souffrance des agriculteurs en les assignant en justice » ?
Dans l’attente de ses déclarations, la Confédération Paysanne de la Vienne :
– s’indigne qu’un de ses adhérents puisse être personnellement inquiété, et exprime sa totale solidarité avec l’agriculteur mis en cause ;
– s’inquiète de la criminalisation et de la répression croissante de l’action syndicale en France et exige notamment l’arrêt immédiat des procédures ciblant des agriculteurs dans le cadre du mouvement social de l’hiver 2024 ;
– appelle à un rassemblement de soutien à François à l’occasion de sa convocation, mercredi 10 décembre à 15h à la gendarmerie de Jaunay-Marigny.

