Le langage des « bassineurs » (l’ADIV) traduit en bon français par « Les Amis de la Terre-Poitou » :
« Parmi les sujets qui menacent de déchirer le monde actuel, il y a la guerre de l’eau. Cette guerre a déjà fait en France au moins un mort – Rémy Fraisse, jeune botaniste sur le chantier du barrage de Sivens – et la tension monte.
Les Amis de la Terre-Poitou remontent à la source cachée de ces hostilités : le langage où se forgent les convictions, les illusions de légitimité qui aveuglent une partie des irrigants comme ceux qui prennent la parole au nom de l’ADIV ( association des Irrigants de la Vienne)
Car, avant d’éventrer les collines, de bétonner des hectares, de bâcher, de pomper et de répandre des tonnes d’eau, avant de se traduire en moyens financiers et industriels, le projet des bassines a été rendu possible par des mots, les mêmes mots que ceux qui portent toutes nos décisions mais détournés de leur sens.
Cette pratique de détournement est la plus sournoise qui soit. C’est sur elle que s’appuient d’abord les dictatures car elle désamorce et désorganise toute résistance. La « novlangue » sévit dans tous les domaines et la première urgence est de confronter les mots aux réalités afin de leur rendre leur juste pouvoir.
Les Amis de la Terre sont très sensibles à la fois à la préservation de l’Eau, bien commun que nous partageons avec tous les vivants depuis que la vie est apparue sur Terre, et à la préservation du Sens des mots de la tribu.
En italique des citations qui nous étonnent. Après les symboles « ? – > » ce que cela nous inspire
Les irrigants voient ce protocole comme :
- l’équilibre quantitatif entre les ressources en eau et leurs usages ? – > les ressources n’augmentant pas, le seul équilibre possible réside dans la limitation des usages.
- un consensus local ? – > non, un forcing unilatéral des plus forts, des plus arrogants.
- une concertation avec les services de l’État ? – > les « serviteurs » seraient donc cooptés et complices dans l’attribution de privilèges indus ?
- des économies d’eau ?-> l’eau serait mise en réserve … en vue d’en utiliser moins ?
- une réduction des taux de nitrate et de produits phytosanitaires ? – > promesses sans garantie ni signe avant coureur
- l’occasion de restaurer des habitats d’oiseaux et insectes dans les zones cultivées ? – > faut-il détruire les habitats pour se glorifier d’en restaurer quelques uns ?
- la promesse d’aménager ou restaurer zones humides et cours d’eaux …? – > faut-il assécher les zones humides pour les restaurer ?
- un projet de stockage collectif – > ce « collectif » là a tous les attributs du « privé » ! Rappel : La même eau circule depuis qu’il y a de la vie sur Terre. C’est un bien commun à tous les vivants
- Les coopératives décideront du partage de l’eau stockée entre leurs adhérents. Les coopératives, d’adhésion volontaire, restent ouvertes à de nouvelles demandes ? – > Si l’accaparement est un abus de pouvoir, multiplier les nouveaux bénéficiaires ne le rend pas moins condamnable ! De plus le projet ne supporterait pas par nature d’être généralisé
Deus ex machina : le climat !
Ce serait une solution face au réchauffement climatique ? – > Ces mots ne recouvrent aucune réalité : la concentration de l’eau dans les bassines n’accroit pas le volume total de l’eau dans le cycle, ce n’est donc pas une solution au manque d’eau. Assécher les rivières ne participe pas à la sauvegarde du climat. Prélever au détriment des nappes qui alimentent les sources, c’est perturber tout le délicat cycle de l’eau.
Le projet n’est pas vraiment nommé
On parle de sécurité de l’approvisionnement par eau de substitution !
L’eau prélevée en hiver se substituerait aux prélèvements d’été ?
> C’est un abus de langage. Les cultures comme le maïs doivent être arrosées l’été ( contrairement au blé qui demande à être arrosé au printemps). L’eau s’évapore, ruisselle ou retourne à la nappe par percolation, chargée d’intrants polluants.
> De toutes façons qu’1m3 d’eau soit prélevé en hiver ou en été, le répandre au soleil est la façon la moins économe qui soit, la moins respectueuse de la terre et de la biodiversité. 1 m3 prélevé en hiver et stocké en réserve sur du plastique est 1 m3 qui manquera aux rivières, aux zones humides et à la conchyliculture. « Substitution » ? Non ! : juste un tour de passe-passe. Comment peut-on dire que l’eau ne sera pas prélevée en étiage et donc disponible pour les milieux aquatiques ?
Les contre-vérités s’accumulent
- Les emplois concerneraient 1200 personnes dont environ 800 emplois saisonniers ? – > Il s’agit d’agriculture intensive, industrielle, très gourmande en énergie mais beaucoup moins génératrice d’emplois que le maraichage, les vergers, une agriculture diversifiée.
- Maintenir l’élevage ? – > en lui retirant des terres ?
- Préserver la qualité potable ? – > en déversant intrants et pesticides ?
Un mot à la mode : la résilience
La résilience vue par les bassinophiles se réduit à un espoir de profits accrus. Garder une agriculture économiquement forte Enfin une parole vraie ! La seule motivation est économique, quitte à laisser la nature exsangue !
La sécurité alimentaire et la proximité d’approvisionnements chez des producteurs reconnus et performants passe par la maitrise de la production, donc de l’accès à l’eau des exploitations ? – > Les pro-bassines n’envisagent pas d’autre modèle. C’est en accentuant les défauts d’une politique étroitement corporatiste qu’ils prétendent tisser un juste lien avec les autres acteurs du pays ?
Déni de responsabilité
Les tenants de ce projet rejettent sur ceux qu’ils dépouillent d’un bien commun précieux la responsabilité des tensions : « on rentrera inéluctablement dans un rapport perdant / perdant sans avenir pour notre territoire et source d’importants conflits d’usages. Les porteurs de projet ne pourront être tenus pour responsables ? – > Quel est ce langage borné ?
Face à ceux qui se veulent les gagnants/gagnants d’un clan autoproclamé avec arrogance, nous sommes nombreux et déterminés.
Nous sommes l’Eau, symbole de la liberté et de la solidarité avec le vivant«