« Je ne crois pas en la magie du calendrier, je n’ai jamais eu cette croyance qu’un changement de millésime pouvait remettre les compteurs à zéro et nous offrir une belle page vierge sur laquelle tout recommencer. Je me moque des souhaits de « nouvel an », que je trouve d’ailleurs de plus en plus hypocrites à l’heure des nouvelles technologies. Mais, parce que 2019 n’a vraiment pas été une année comme les autres, j’ai un ou deux trucs à dire.
À vous en particulier.
À vous qui avez presque fait oublier que la colère a, un jour, été noire et qui l’avez repeinte dans ce jaune tellement…… improbable – comme vous, en fait !
À vous qu’on attendait tant et qu’on n’a pas vus venir, graines insoumises que je désespérais de voir pousser,
À vous qui avez été ce qui s’est fait de plus réjouissant, percutant, vibrant, joyeux, audacieux, palpitant, effronté, singulier, insolent, désordonné, moderne, enthousiasmant …. en 2019,
À vous qui avez mis de la beauté au vain mobilier urbain, au glauque bitume, aux tristes bords de routes, aux insensés ronds-points,
À vous qui avez redonné des lettres de noblesse et du sens à des mots perdus ou abîmés : peuple, fraternité, bravoure, résistance, Anarchie,
À vous qui avez rendu visibles ceux et celles qui, aux yeux des « puissants » et des endormis, étaient moins qu’un concept,
À vous qui avez découvert, parfois étonnés, que votre parole était importante et digne d’être écoutée, à vous qui avez su entendre les pensées différentes, à vous qui avez fait votre éducation politique en accéléré, sans maître (ni dieu), à l ‘école buissonnière des ronds-points…..
….. MERCI
Je sais que ce mouvement est né du désespoir – il en avait d’ailleurs la belle énergie ! Mais à mes yeux, il avait aussi, dans ses premiers mois, une sorte de joie enfantine et une forme d’innocence. La joie du môme qui fait ses premiers pas, sans peur, sans doute, pour qui tout est possible.
Le temps de l’innocence est passé – il passe toujours. Le mouvement en jaune a posé un nouveau jalon dans l’Histoire : il y avait un avant, il y a désormais un après, et quoiqu’il en soit, ce ne sera plus comme avant. Je sais pas ce qu’on en fera. Je suis certaine d’une chose, néanmoins : le sillon qu’on a ébauché, celui de l’affranchissement, de l’autonomie, c’est celui-ci qu’il faut creuser, avec ténacité, avec courage, pour en faire un chemin vers la liberté.
Je vous souhaite, je nous souhaite, un 2020 engagé, enragé, fraternel, déterminé, flamboyant et tellurique.
Avec rage et amour,
Marie »
janvier 2020
un grand merci pour ces mots
Merci ma fourmi… tes mots sont toujours plus efficace qu’un doliprane.