Fini le temps des propositions formulées depuis 20 ans dans mes billets politiques ou au cours de débats. C’est le moment des constats, des critiques et des condamnations après plus de 2 ans de Macronisme.
Ma solidarité et ma fraternité pour défendre les plus faibles dans le mouvement des gilets jaunes m’ont mené au fond du trou au sens propre comme au figuré.
Je suis brisé, traumatisé, terrifié par la politique menée par ce gouvernement qui a réussi à détruire mes utopies, mes croyances et mon engagement politique pour un monde meilleur. Je suis aussi très déçu, inquiet et dégoûté par l’attitude et l’ignorance de mes concitoyens.
Ce n’est toujours pas le bon moment pour le changement et j’avoue être épuisé et incapable de poursuivre le combat que je mène depuis 20 ans.
Certains de mes proches qualifiaient ce mouvement d’inorganisé, faut-il absolument être organisé pour lutter, se révolter contre l’injustice ? On m’a dit aussi que je soutenais un mouvement violent, homophobe et raciste alors que je lutte depuis toujours contre ces idéologies.
Peu de gens de mon entourage ont soutenu cette révolte, la plupart s’en désintéressaient et beaucoup désapprouvaient.
Macron, son entourage et la majorité des médias ont fait une propagande admirable de désinformation pour discréditer et briser les gilets jaunes.
Comment peut-on combattre à ce point des citoyens qui se lèvent pour sortir de leur souffrance quotidienne, qui s’indignent contre la misère ?
La plupart des gens privilégiés qui vivent aisément ignorent la pauvreté, s’en désintéressent.
Les pauvres parfois appelés honteusement les gueux comme au moyen âge, les sans dent mal habillés leur font peur. La bourgeoisie terrifiée à l’idée de perdre ses privilèges désapprouvait ce mouvement. Les gilets jaunes ne visent pas cette catégorie de la population mais ils condamnent et s’insurgent contre l’oligarchie en place et contre tous les cadeaux octroyés aux plus riches depuis 30 ans (paradis fiscaux, retraites chapeaux ou parachutes dorés, niches fiscales, suppression de l’ISF, CICE, pas ou peu d’imposition des GAFAM, augmentation de la TVA)
J’aime mon pays mais je ne crois plus en la devise de la France.
La Liberté est très sérieusement mise à mal ces derniers temps. Une répression hors norme et disproportionnée s’est abattue sur les gilets jaunes. J’en ai subi les conséquences. Même l’ONU et le parlement européen ont dénoncé l’usage excessif de la force pour réprimer ce mouvement social. Depuis fin novembre, il y a des centaines de mutilés, de blessés par les forces de l’ordre, des milliers d’arrestations, de condamnations excessives ou abusives. Les intimidations envers les journalistes se multiplient, ils sont interpellés au cours des manifestations, d’autres sont convoqués par la DGSI par rapport à l’affaire Benalla ou pour avoir fait des révélations sur les ventes d’armes à l’Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes Unis.
La liberté de la presse ne cesse de reculer, d’après Reporter Sans Frontières, la France est 32ème au classement mondial. Un comble pour le pays des droits de l’Homme.
Depuis 20 ans, sous prétexte d’accroître la sécurité des français, de nombreuses lois liberticides et répressives ont été votées par les gouvernements successifs (généralisation de la vidéo-surveillance, mise en service et augmentation des contrôles radars, mise en place de l’état d’urgence, augmentation du nombre de prisonniers, création de nouveaux délits sur la mendicité, la prostitution, les rassemblements dans les halls, durcissement des sanctions contre les mineurs délinquants, augmentation des contrôles et des fouilles, loi anticasseur = loi anti-manifestant).
L’égalité n’a jamais existé. Les inégalités entre les hommes et les femmes sont toujours bien présentes. Nous ne sommes pas non plus égaux devant la justice (les sentences dépendent parfois du statut social des prévenus). Pas d’égalité pour l’obtention d’un logement (pas d’accès aux personnes n’ayant pas les moyens financiers ou issus de l’immigration), d’un emploi (priorité aux individus « de souche française = de couleur blanche »). De moins en moins d’égalité entre les grandes agglomérations dotées de services publics et les campagnes où les hôpitaux, les tribunaux, les centres des impôts, les postes et les écoles ferment.
La fraternité s’estompe jour après jour. Dans cette société de plus en plus individualiste, il n’y a plus de place pour l’altruisme. On laisse crever en mer ou à nos frontières des migrants qui fuient la mort, la faim et la misère mais Macron donne des leçons à nos voisins italiens concernant l’accueil des migrants. Aucune solidarité de la communauté européenne.
On voit dans la rue de plus en plus de SDF alors que la France est la 6ème puissance économique. On laisse les pauvres se battre seuls aux abords des ronds-points depuis des mois, sans plus d’indignation du peuple face à cette répression excessive du gouvernement. Pas de réponse politique pour résoudre ce conflit, si ce n’est la mascarade du grand débat aboutissant à la suppression de l’ENA et quelques mesurettes bien loin des attentes des français pour un changement de société.
Je suis très inquiet pour l’avenir de la France. Ses valeurs qui ont fait sa grandeur sont bafouées.
La France est en pleine déliquescence. Les gouvernements successifs ont réussi à briser la cohésion sociale. Leur devise : diviser pour mieux régner.
Les riches contre les pauvres. Les français de « souche » comme disent les nationalistes, contre les immigrés. Les fonctionnaires contre les autres. Les travailleurs contre les chômeurs. Les patrons contre les employés. Les citadins contre les campagnards.
L’École que je chérissais tant, n’est plus l’ascenseur social qu’elle était. Je témoigne en tant qu’enseignant spécialiste des difficultés scolaires et je constate que les inégalités augmentent alors que la 1ère mission de l’École est de les réduire.
Ce phénomène s’aggrave à chaque nouveau ministre de l’Éducation qui marque son passage avec de nouvelles réformes sans consulter les syndicats, les enseignants et les parents (loi Blanquer).
Toujours aucune mesure écologique formulée par ce piètre gouvernement malgré la pétition « L’affaire du siècle » qui a rassemblé plus de 2 millions de signataires pour attaquer l’Etat français en justice afin qu’il respecte ses engagements écologiques. Même la publication d’un nouveau rapport d’enquêtes du GIEC qui démontre que plus d’1 million d’espèces animales et végétales sont menacées de disparition ni changera rien.
En affaiblissant la droite, déjà bien diminuée par l’affaire Fillon, et la gauche, divisée depuis des années, Macron a offert un boulevard au Rassemblement National.
De plus en plus d’intellectuels comparent la période actuelle à celle de la fin des années 30 et l’issue tragique dans le monde. En effet, on constate en Europe, la montée du nationalisme, l’augmentation des actes racistes, antisémites, homophobes et le recul des idées et des partis humanistes.
J’accuse et je condamne la politique ultra-libérale menée depuis plus de 25 ans, responsable de ces phénomènes désastreux.
L’Homme est maintenant au service de l’Économie alors que l’inverse devrait permettre de défendre les biens communs de l’Humanité. Ce système est à bout de souffle, il est temps de le dépasser, d’innover.
Je crains que le pire soit à venir mais nos dirigeants ferment les yeux, se bouchent les oreilles, refusent de voir la réalité en face malgré tous les signaux d’alerte.
Qui suis-je pour avoir cru que je pouvais changer quelque chose au mouvement du monde ou au moins éveiller et convaincre mes proches ?
La politique traditionnelle dans les partis ou dans la rue ne fonctionne plus. Il faut agir autrement.
Il n’est peut-être pas trop tard mais je suis las alors je vous passe le relais !
A vous et aux nouvelles générations de trouver de nouveaux modes d’actions pour un monde meilleur.
Je suis passé de l’optimisme combatif au réalisme dégoûté !
Le capitalisme et le libéralisme ont triomphé.
INDIGNEZ-VOUS ! disait Stéphane HESSEL en 2010.
Macron m’a tuER mais je renais déjà de mes cendres et le phénix va prendre son envol vers le Mexique.
HASTA LA VISTA Y LA VICTORIA SIEMPRE !
VIVA LA VIDA !
B. P.
Je partage totalement, hélas…, votre constat ! Je ne trouve plus beaucoup d’énergie, moi non plus pour lutter au quotidien. Je crains que le monde n’aille pas encore assez mal pour imploser, nous allons dans le mur, mais faudra-t-il attendre le sacrifice de toute une génération, ou même de tout un peuple pour assister à la fin du système capitaliste? Je n’ai pas votre courage de partir ailleurs à 61 ans, mais je m’angoisse pour les générations à venir… Merci pour votre combat et votre pierre à l’édifice, hasta la vista !