Lors du Conseil communautaire du 5 décembre 2019 « Osons Poitiers » avait pris l’initiative de proposer une motion (en fin de message) demandant non pas la gratuité des transports en commun mais que Grand Poitiers fasse une étude sérieuse sur le sujet.
Le président-maire A. Cleys a pris la parole sur le sujet et a fait distribué un document le jour du Conseil pour dire que le débat ne se posait même pas tant la chose était aberrante, injustifiée, impossible, etc.
Lors du mandat précédent (2008-2014), Maryse Desbourdes (« Pour une Alternatif à Gauche ») qui portait cette proposition, était l’objet des quolibets et moqueries imbéciles du Conseil municipal de Poitiers.
Là, les choses changent, malgré le verrou d’A. Claeys qui ne veut même pas envisager une étude indépendante pour en discuter.
Lors de ce Conseil de la communauté urbaine du 5 décembre, quatre ou cinq conseillers et maires ont pris la parole pour dire que le thème était intéressant, devait être discuté. L’élu PCF ne s’est pas prononcé et a précisé que le problème devait être envisagé sur toutes les communes de Grand Poitiers.
Il n’y eu pas plus d’interventions parce qu’A. Claeys a coupé court au débat qui lui échappait.
Le vote sur la motion demandant l’étude de la gratuité des transports en commun a obtenu une vingtaine de voix, bien au-delà donc des deux réprésentant-es de « Osons Poitiers », Christiane Fraysse et Jacques Arfeuillères.
Eh oui. La crise économique est passée par là et les gilets jaunes bousculent les certitudes. Les expériences (positives) de certaines communes plus grandes que Poitiers sont maintenant connues. Quelques-es élu-es prennent en comptent (enfin !) l’urgence climatique.
À l’occasion de cet événement nous voyons bien là qu’une opposition demande du courage et de la persévérance.
Quand elle couple critiques et propositions alternatives, une opposition de gauche écologique est utile. Et prépare correctement le fait majoritaire pour les prochaines élections.
Pascal Canaud
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Motion de Christiane FRAYSSE et Jacques ARFEUILLÈRE, élu-e-s communautaires et municipaux du groupe « Osons Poitiers, écologique, sociale, solidaire et citoyenne » au Conseil communautaire du 5 décembre 2019 :
« Pour une étude sur la faisabilité de la gratuité des bus pour tou·te·s à Grand Poitiers et une consultation de la population sur ce sujet. Conseil communautaire du 7 décembre 2018
Après Aubagne, Châteauroux, Niort, la Communauté Urbaine de Dunkerque (près de 200 000 habitant-e-s) a pris la décision de la gratuité sur l’ensemble du réseau depuis septembre dernier.
Cette décision doit nous faire réfléchir à l’heure des bouleversements climatiques dus à l’augmentation des gaz à effet de serre, dont les véhicules individuels sont notamment responsables.
Quand il n’y a pas réduction de l’offre de transport, quand le cadencement des bus incite les salarié-e-s à privilégier ce mode de transport, cette gratuité se réalise avec un grand succès de fréquentation et de satisfaction de la population notamment des personnes aux revenus modestes.
Nous demandons que la Communauté Urbaine de Grand Poitiers mette en œuvre au plus tôt une étude sur la faisabilité de la gratuité des bus pour tou·te·s à Poitiers et sur la Communauté Urbaine et parallèlement consulte et mobilise la population (enquête, réunion de proximité, référendum, etc) sur ce dossier.
Il est urgent d’agir. »
L’intervention de l’élu Jacques Arfeuillère pour « Osons Poitiers »
« A un moment où la question du droit à la mobilité est posée avec force par le mouvement social, nous pensons que notre responsabilité est d’explorer toutes les solutions et de redonner du sens aux mots que nous employons.
Sur notre projet de territoire, nous invoquons l’audace et c’est le moment de montrer que ce n’est pas un vain mot. Nous vous invitons à avoir cette audace, malgré la réticence montrée jusque-là par cette assemblée, à affronter l’idée de gratuité des transports, à la mettre aujourd’hui à l’épreuve du réel. Le contexte évolue, les urgences se redessinent et beaucoup réinterrogent leurs certitudes.
Je ne reprendrais pas ce qui a été dit avec force au long de cette séance : l’urgence climatique ne frappe plus à notre porte, elle la défonce et l’heure n’est donc plus à changer la serrure mais bien à essayer de la contenir.
Nos villes souffrent, se dévitalisent au centre, bégaient l’articulation entre l’activité et le logement.
Les travailleurs ont peur de ne plus pouvoir se déplacer et souffrent de l’inégalité qui s’accroît quant à leur droit à se déplacer. La maire de Calais, Natacha Bouchart, vient de dire son intention de contribuer à répondre à une des questions posées par les Gilets jaunes, en instaurant la gratuité pour tout le réseau de transport de l’agglomération du Grand Calais Terres et Mers d’ici 2020. Avant elle, c’est, vous le savez, Dunkerque qui a pris la décision après une phase de test de deux ans. Et l’exemple est passionnant puisque nous possédons désormais du recul sur une agglo qui nous ressemble. Il fait avancer le débat parce qu’il démonte bien des idées reçues, et se positionne comme un élément de revitalisation de la ville.
Une étude de Henri Briche et Maxime Huré vient de sortir et souligne notamment que dans le cas de Dunkerque, la gratuité est techniquement et financièrement réalisable pour une agglomération de 200 000 habitants, battant en brèche l’hypothèse selon laquelle cette mesure ne serait applicable qu’aux réseaux de villes moyennes.
L’attractivité du centre-ville dunkerquois semble sortir renforcée de cette initiative : nombreux sont les enquêtés affirmant profiter davantage des aménités commerciales et récréatives du centre-ville durant le week-end du fait de la gratuité.
La décision de délaisser la voiture au profit du bus gratuit permet notamment de déambuler dans les rues sans aucune appréhension de la contrainte horaire qu’implique le stationnement automobile. Enfin, l’incivilité n’a pas augmenté dans les bus dunkerquois.
On observe même une diminution des actes de vandalisme durant les week-ends malgré l’augmentation de la fréquentation : un nombre plus important de voyageurs aurait pu engendrer mécaniquement une recrudescence des dégradations.
Ensuite, et même s’il faudra avoir plus de recul pour évaluer ces données sur le long terme, la gratuité ne semble pas poser un risque financier important pour la Communauté Urbaine de Dunkerque (CUD) : les recettes commerciales ne couvraient que 12 % des dépenses de fonctionnement…
Je vous invite à lire cette étude, à interroger vos positions. Il y a dans la gratuité des transports un chantier qui permet de mêler urbanisme, social et écologie. Ne reculez pas devant une étude qui permettrait de l’envisager sérieusement, ne balayez pas d’un revers de main ce qui pourrait bien être une des clés du quotidien de demain. »