« Les beaufs et les cols blancs de Saint Germain n’ont rien compris, ce n’est pas un mouvement marqué à droite. Ni vraiment à gauche. C’est punk. No future dans ce monde-là. » (Denis Robert)

L’idée vient du journaliste Denis Robert, dans un article sur son blog, juste avant le jour fatidique du 17 novembre, à l’heure où une partie de la gauche tremblait encore de « défiler » aux côtés de l’extrême-droite, quitte à lui céder encore du terrain social, à lui abandonner sa propre raison d’être (son « ADN » diraient les médias). Il aura fallu un François Ruffin pour donner un peu un coup de pied dans tout ça. Peut-être y a-t-il d’autres François Ruffin locaux qui auront germé comme des pâquerettes un peu partout dans le pays. Peut-être même y a-t-il un, une, plusieurs François Ruffin dans la Vienne. Lui qui disait dans l’une de ses interviews (sur BFMtv) : «Un copain m’a dit “ Ils sont de gauche sans le savoir des fois” ». C’est peut-être ça la définition du « punk » en politique dont parlait Denis Robert : faire des trucs de gauche sans le savoir.

La question, ça a toujours été le social, y compris dans la Vienne. Qu’on ne s’y trompe pas : les témoignages du quotidien que reprend aujourd’hui encore la Nouvelle République correspondent en tout point aux revendications de la Somme, sur le rond-point d’Albert, par exemple. Le rouge du compte, le cercle sans fin des angoisses un jour après l’autre… La précarité, dans l’imaginaire dominant, au pire, ça devrait être la galère des étudiants, et on s’en souvient en rigolant comme le temps de la bohème vingt ans plus tard pendant les repas de famille.

Mais des gens en activité, des retraités qui ont passé l’essentiel de leur vie au boulot ?

Il n’est question que du cycle de la précarité : des parents qui peinent à joindre les deux bouts, qui aident leurs enfants aussi une fois à la fac (type de cas que l’on entend souvent dans la multitude d’exemples, ça revient toujours).

Et dire que la Cour des comptes recommande d’aller vers la « fin de la quasi-gratuité de l’université» . Et dire aussi qu’Édouard Philippe fait les yeux doux aux marchés chinois en punissant les étudiants africains avec des frais d’inscriptions nettement plus salés. Peut-être la Nouvelle République a-t-elle eu tort hier d’insister sur l’absence de rapports entre les gilets jaunes et les revendications lycéennes : il n’est question que de justice sociale dans les deux cas, d’égalité quoi.

Ça claque moins que « liberté », faut croire, mais c’est beau aussi pourtant. La fameuse « convergence », elle s’est d’ailleurs faite tout naturellement avec les ambulanciers, le personnel hospitalier, encore à Châtellerault aujourd’hui.

Personne ne demande aux lycéennes et lycéens d’enfiler à leur tour un gilet jaune, ça n’aurait pas de sens, mais il y a une évidente dénonciation commune entre le ras-le-bol fiscal là où les impôts ne servent apparemment pas à ouvrir des écoles ou à sauver des maternités type Le Blanc dans l’Indre, ni à faire vivre les collectivités territoriales, encore moins à freiner l’abyme du porte-monnaie et l’inégalité de l’accès au savoir et la valeur du bac selon le lycée où on l’aura passé (poids des 40% dans le bac des contrôles continus oblige).

C’est toujours une lutte contre les privilèges des plus aisés. C’est toujours une dénonciation contre l’absence d’égalité. C’est toujours ce sentiment d’être condamné à l’avance au cycle éternel de la précarité. Une lutte de classes sans fin qui a besoin du plus de petits bras possible.

Alice Lebreton

Rédaction

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