Samedi 28 octobre dernier, rassemblement spontané pour un cessez le feu immédiat et la paix au Moyen Orient à Poitiers place de l’Hôtel de Ville à 18h30. Rassemblement interdit l’après-midi même par la préfecture. Une soixantaine de participants. Une quinzaine seulement contrôlés dont je faisais partie ce qui m’a amené à adresser un courriel le 30/10 à mon député (ci-dessous). Pas de réponse de sa part à ce jour.
Samedi 11 novembre, je reçois l’amende (135 €) à mon domicile par voie postale.
Je suis favorable à une contestation concertée de l’ensemble des « contrevenants » avec le soutien des organisations politiques, syndicales et associatives ayant appelé à ce rassemblement. Ce qui ne dédouane pas ces dernières et l’ensemble des citoyens à entreprendre toute sorte de protestation contre cette remise en cause du droit de manifester. Car là est le fond de l’affaire.
Hier (12/11/2023) à Paris, une manifestation (très médiatisée) contre l’antisémitisme a lieu. Pas de risque de trouble à l’ordre public pour celle-ci sans doute, puisqu’elle a été autorisée : deux poids, deux mesures…
Pierre Vallat
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Monsieur le Député,
Je tiens à vous faire part de ce qui suit.
Le samedi 28 octobre dernier, je participe à un rassemblement spontané pour la paix et le cessez-le-feu immédiat au Moyen-Orient sur la place de la mairie à Poitiers.
A mon arrivée, il se murmure que ce rassemblement a été interdit dans l’après-midi par le Préfet (ce qui n’a pas été le cas ailleurs, à Montpellier par exemple).
Sur place, tout n’a pas été fait règlementairement :
1°) aucun arrêté d’interdiction affiché publiquement sur la place de la mairie où se tenait le rassemblement spontané d’une soixantaine de personnes
2°) les forces de l’ordre présentes en nombre, dont le « chef » informe oralement, presque en catimini, seulement un petit groupe, de l’interdiction prise par le préfet dans l’après-midi. Les autres personnes présentes n’en sauront rien : pas d’annonce à tous les présents, pas d’annonce non plus de se disperser sous peine d’amende. Pas d’annonce enfin que le contrôle d’identité vaut amende de 135 € (à venir, j’imagine), ce que j’ignorais et qui m’a amené à présenter spontanément la pièce d’identité qui m’a été demandée (sans qu’en soit précisé le motif)
3°) le choix totalement arbitraire opéré par les forces de l’ordre de contrôler l’identité de quelques-uns (une quinzaine) : ceux qui tenaient la banderole (une seule banderole présente) ou les deux drapeaux PAIX et un drapeau de Palestine tenus individuellement et ceux se trouvant à proximité immédiate (dont moi). Les autres participants, en petits groupes, distants de quelques mètres, tous restés sur place, n’ont pas été contrôlés (une cinquantaine).
Au-delà de ces précisions, je me questionne et vous interroge :
- pour quel rassemblement (hormis ceux pour défendre les conditions de travail, et encore ?), peut-on être certain qu’il n’y a aucune chance qu’il dégénère ? Tous les rassemblements sont donc susceptibles de troubler l’ordre public et par voie de conséquence d’être interdits. On ne peut plus parler alors deliberté de manifester pourtant reconnue constitutionnellement.
- Franchement, une soixantaine de personnes très pacifiques, qui veulent dire STOP aux horreurs vécues au moyen Orient par des populations civiles, il y a pire comme suspicion de trouble à l’ordre public, non ? N’est-il pas légitime et humain d’être solidaires avec elles ? Jusqu’où supporter la violence, la mort de milliers d’êtres humains, sans essayer de réagir ?
Bien respectueusement,
M Pierre Vallat