Observons d’abord les résultats sur les deux circonscriptions 1 et 2 de la Vienne qui se retrouvent dans une situation particulière (et lire en bas d’article pour la situation sur les bureaux de vote de Poitiers) :
- Lisa Belluco, députée écologiste sortante sur la 1 est en tête avec 33,14 % (18 232 voix) contre 32,56 % (12 972 voix) en 2022. Soit un gain de 5 260 voix entre les deux élections. Derrière, l’extrême-droite réalise 28,93 % (15 918 voix) contre 15,70 % (6 254 voix) en 2022. Une grosse progression en voix donc (9 664 voix) qu’il faut mettre en regard de la présence en 2022 de 2 autres candidats d’extrême-droite (Reconquête et Debout la France) qui avaient réalisé ensemble 4,5 % et 1 769 voix. Un gain net de près de 8 000 voix. Entre les deux élections, la participation a augmenté de près de 20 points (de 50 à 69,9 % !) avec près de 16 000 votant.es supplémentaires. Du côté de la droite, la candidate Séverine Saint-Pé soutenue à la fois par les macronistes et la droite départementale réalise 28,85 % (15 875 voix) soit 43 voix de moins que l’extrême-droite. En 2022, la candidate macroniste Françoise Ballet-Blu et Jérôme Neveux (UDI) réalisaient ensemble 41,53 % et 16 550 voix : 675 voix de moins alors que la participation a augmenté de 16 000 votant.es… Pour le 2ème tour, Séverine Saint-Pé, en 3ème position, réfléchit…
- Et derrière ? Et les autres candidats ? Après le retrait, de la candidature « dissidente » d’Eléonore Cazal, militante socialiste partie à Lyon et ancienne directrice de cabinet… d’Alain Claeys (tiens donc) c’est Aurélien Tricot, « divers gauche » qui a (in)directement pris la place, histoire de marquer le terrain, deux ans avant les prochaines municipales. Tout le monde sait, sur la place de Poitiers que l’ancien maire Alain Claeys rumine depuis 4 ans sa défaite. Alors la candidature « indépendante » d’Aurélien Tricot n’était sans doute pas pour lui déplaire… Et pour quel résultat au 1er tour ? Sur la circonscription : 4 399 voix (8 %) et 12,16 % à Poitiers. (1 498 voix)
- Aurélien Tricot va t-il appeler fermement à voter pour Lisa Belluco, candidate du Nouveau Front Populaire ? Fera t-il « Front Républicain » contre l’extrême-droite ? Sera t-il de la campagne de 2ème tour pour porter cette parole en direction des électrices et électeurs qui ont voté pour le candidat de gauche qu’il est ? On attend de ses nouvelles.
Sur la circonscription 2, Sacha Houlié, le macroniste sortant est devant mais en baisse de 3,6% par rapport à 2022 : après une campagne où il a « effacé » son appartenance au camp présidentiel (mais ça se voit toujours) il repart avec le soutien du « dissident socialiste » Aurélien Bourdier qui n’a pas perdu de temps en apportant dès dimanche soir son soutien au macroniste sortant. (on le répète au cas où vous auriez des doutes).
- Entre 2022 et 2024, la participation a fortement augmenté passant de 54 à 72 % avec plus de 15 000 votant.es supplémentaires !
- Au 1er tour, S. Houlié a réuni 33,21 % (18 855 voix) contre 36,83 % (15 416 voix) en 2022 : un gain de 3 439 voix mais – 3,6 %. Sur la circonscription, en 2022 comme cette année, pas de candidat de la droite « classique » .
- De son côté, Valérie Soumaille réalise 28,63 % (16 254 voix) contre 34,39 % (14 394 voix) en 2022, soit – 5,76 %. Mais le gain de voix est de 1 860 et l’écart en % de 4,3 %. Il s’est un peu accru, mais pas à Poitiers où il augmente… (voir plus bas)
- Derrière, encore l’extrême-droite qui réalise 24,42 % (13 864 voix) contre 13,48 % (5 641 voix) en 2022 : un gain net de 8 223 voix. Mais là encore, il y avait d’autres candidats d’extrême-droite : Reconquête, les Patriotes et un divers « extrême-droite » qui avaient réalisé, cumulé, 8,33 % et 3 486 voix. Ça fait encore un différentiel de 4 737 voix.
- Concernant le bien nommé « dissident socialiste » Aurélien Bourdier qui n’avait pas l’investiture du Parti Socialiste de la Vienne mais partait avec le soutien sans faille d’Alain Claeys et de Jacques Santrot, le résultat est un score de 10 %, homogène sur la circonscription, (et 10 % à Poitiers) soit 5 723 voix. Une campagne à la hauteur de ce qui est aujourd’hui la réalité des soutiens d’Aurélien Bourdier qui préparent (déjà !) les municipales de 2026 : le rapprochement et la fusion des listes avec Sacha Houlié ? Des « sociaux-démocrates » qui soutiennent l’éventuelle réélection de Sacha Houlié, co-responsable de la situation politique dans laquelle nous sommes enfoncés aujourd’hui, c’est pathétique. (et je reste poli)
Revenons pour finir sur la situation des bureaux de Poitiers, la ville étant coupée entre les circonscriptions 1 et 2, nord et sud.
- Sur la 1 : Lisa Belluco réalise 46,26 % (5 699 voix) contre 43,20 % en 2022 (3 898 voix) avec un gain de 3 % et plus 1 800 voix. (Plus 18 % de participation !)
- Séverine Saint-Pé plafonne à 19,75 % (2 433 voix) doublée par la candidate du RN (20,67 % et 2 546 voix). En 2022, la droite Macroniste/UDI réalisait 35 % (3 072 voix) et le RN tout seul 11,4 % (1 027 voix)
- Et Aurélien Tricot dans tout ça ? 12 % et 1 498 voix : et un appel au 2ème tour pour Lisa Belluco ?
Sur la 2 : Valérie Soumaille réalise 41,26 % et 7 279 voix contre 43,2 % en 2022 (5 779 voix) pour un gain sur les bureaux de Poitiers de 1 500 voix ! La preuve que la campagne unitaire à gauche a été porteuse de dynamique : les résultats sont là !
Pour Sacha Houlié, c’est nettement plus compliqué : il passe en effet de 32,26 % (4 365 voix) en 2022 à 28,63 % et 5 051 voix (+ 686) dans un contexte d’augmentation de la participation : plus 17 % et plus 4 500 votant.es !
Quel a été l’impact de la candidature d’Aurélien Bourdier (1 769 voix et 10 %) sur le vote à gauche ? Il semble bien qu’il ait d’abord affecté Sacha Houlié au regard de la baisse de ce dernier en pourcentage dans les bureaux poitevins, sans que cela n’affecte réellement la dynamique de campagne autour des candidatures de Valérie Soumaille et Florence Harris qui progressent fortement en voix.
Cette campagne législative poitevine très particulière restera marquée par ces candidatures « dissidentes » qui avaient d’abord valeur de marqueur pour une prochaine échéance en 2026, creusant ainsi un fossé entre la gauche rassemblée et celles et ceux enfermés dans la défense des valeurs dites « sociales-démocrates » : l’urgence politique ne mérite t-elle pas mieux que ces minables manœuvres politiciennes ?
A suivre.
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Saint Just