Quelques réflexions soumises à votre sagacité.
Il existe une absence étonnante et suicidaire de prise en compte de l’urgence sociale et écologique par tous les pouvoirs en place. On le voit avec la première ministre qui déclare récemment, après le 49.3, qu’elle a fait « ce que le pays lui a demandé » ! Mais on le voit aussi avec les bassines quand tout le monde sait qu’on entre dans des périodes de manque d’eau, y compris pour l’eau potable, vitale. Ainsi, quand on lit ou écoute les déclarations du Préfet de la Vienne, des irrigants propriétaires des bassines, on ne peut que faire le parallèle avec la surdité de Macron sur les retraites.
Le seul fil à plomb qui guide les décideurs au pouvoir (nationaux ou locaux) c’est le taux de rendement, « rassurer » le marché, exploiter la plus-value, accroître les bénéfices des « gros »… Bref, il n’existe pour elles et eux qu’un critère unique : l’enrichissement d’une poignée de privilégié-es. Jusqu’à la caricature.
Le roi est nu. Parce que la population est placée dans de grandes difficultés (pouvoir d’achat, climat, eau, retraites…) elle n’accepte plus, par exemple, qu’on lui vole deux ans de vie dans l’unique but d’engraisser les hyper-riches. De la même façon elle n’accepte plus qu’on privatise l’eau qui donne vie à la nature, et donc aussi aux êtres humains, pour le seul profit de l’agrobusiness, ce « CAC40 agricole » qui domine encore avec la FNSEA et son personnel politique. Écoutez à ce sujet ces courtes interviews sur la complicité du Préfet de la Vienne et du Conseil départemental 86 avec les gros irrigants et constructeurs des bassines
Les institutions de la V° République ne sont plus acceptées. Après des décennies (oui, des décennies !) de protestations pacifiques contre les bassines, il n’y a strictement aucun bougé des gros irrigants des bassines et de l’État qui les soutient. Idem que sur les retraites.
Contrairement à ce pensent nos élites, « la foule » est devenue peuple en s’alliant face aux difficultés. Quand on écoute les slogans des manifestations de Sainte Soline, on reconnaît les airs des manifestations contre la retraite « la bassine à Sainte Soline, la guerre de l’eau a commencé on se battra pour la gagner« . Et dans les manifestations pour la retraite on reconnaît ceux des Gilets jaunes « On est là, même si Macron ne veut pas…«
La V° République monarchique renvoie à l’histoire d’un peuple français qui se reconnaît, plus de 200 ans après, dans une révolution dont la mémoire collective continue de considérer comme égalitaire, donnant dignité à tou-tes les citoyen-nes. Le peuple français est un peuple politique en ce sens qu’il se révolte parfois sur les problèmes sociaux qui le touche (la retraite) mais beaucoup plus encore sur les problèmes politiques (le 49.3). Les références à Macron comme monarque et à la guillotine ravivent cette mémoire collective. On entend souvent chez les jeunes (!) manifestant-es, le « Louis XVI, on l’a décapité, Macron, on peut recommencer«
Face à cette remise en cause multiple des pouvoirs établis, ceux-ci décident de jouer la carte de l’escalade de la répression. À Sainte Soline ce fut par exemple l’escalade des quads (équivalent de la BRAV-M à Paris) qui tirent des LBD à tir tendu. Le pouvoir continue de jouer la carte qu’il avait utilisé contre les Gilets jaunes.
Mais la situation a changé et la répression contre les Gilets jaunes, qui était acceptée par une bonne partie de la population, ne l’est plus sur la réforme des retraites, et sans doute bientôt plus quand viendront les coupures d’eau.
Les chaînes radios et télés en continue sont prisonnières de la jouissance des émotions qui sont le ciment de leur existence. Pas d’émotion, pas d’image forte, pas d’information : « pas de casseurs, pas de 20h00« . Les nouvelles générations qui sont nées avec ces médias le savent et en joue habilement. Nous en avions déjà parlé ici à l’occasion d’une précédente manifestation à Sainte Soline. Nous concluions l’article par une question « La démocratie reste-t-elle le meilleur système pour le capitalisme ? »
L’Histoire que l’on souhaite reste à écrire.
P.C.
