Le film d’Emmanuel Gras décrit le combat, les espoirs et les déceptions des Gilets jaunes d’un rond-point de Chartres. Leurs paroles et leurs histoires personnelles difficiles sont souvent émouvantes et sincères. En donnant la parole à celles et ceux qui ne l’ont jamais, celles et ceux de la France d’en bas, le film retrace dans une certaine mesure l’évolution de tout le Mouvement des Gilets Jaunes.
Et pourtant ce sont ces invisibles « ces gens de rien », ces « sans dents » qui vont se soulever dans un élan formidable contre le pouvoir en place qu’ils jugent responsable de leur situation : « Macron démission » scandent à pleins poumons les Gilets jaunes sur le rond-point et dans les manifestations parisiennes tous les samedis. Cette révolte est la conséquence de la politique de paupérisation ultra-libérale menée tambour battant par les gouvernements successifs.
Le film montre en filigrane que la lutte des Gilets Jaunes est en quelque sorte un refus de l’immobilisme qui caractérise la scène politique française.
Le film n’a pas occulté les contradictions et les incohérences des Gilets jaunes dont la spontanéité, la naïveté et la sincérité sont à la fois une force et une faiblesse. Les Gilets jaunes n’ont pas l’expérience des luttes politiques et syndicales, ce qui génère parfois tensions, divisions et finalement l’inefficacité des actions.
En revanche le film est passé trop rapidement sur les terribles violences policières, d’un autre âge, subies par les Gilets jaunes : yeux crevés, mains arrachées, visages défigurés, crânes fracassés…
Malgré ces limites, il faut aller voir ce beau film documentaire pour essayer de comprendre comment de simples citoyens armés de leurs gilets jaunes et de leur détermination ont pu initier, pour une société plus juste, l’un des mouvements le plus original et le plus réprimé de l’histoire contemporaine de la France.
Gilets Jaunes rond-point Poitiers sud
À Voir (rapidement) au TAP Castille de Poitiers