« Mignaloux l’Entonnoir Routier » c’est ainsi que nous devrions rebaptiser ma commune où j’habite depuis 44 ans. Le trafic routier qui la traverse n’a fait qu’augmenter et culmine aujourd’hui à plus de 32 000 véhicules par jour (voitures et fourgons et près de 4000 poids lourds). Les deux gros axes RN147(route nationale de Limoges) et la RD951(route de Chauvigny) supportent chacun les deux tiers du trafic, venant de loin. Les autres voies départementales ont vu, elles aussi, leur trafic augmenter considérablement (route de Nouaillé, routes de Sèvres Anxaumont).
Cette évolution vertigineuse du trafic routier entraîne de plus en plus de nuisances et des pollutions (bruit, pollution de l’air, vibrations, insécurité routière…) de plus en plus insupportables pour tous les anciens riverains qui habitent au plus près des axes routiers. La faune subit des hécatombes (écureuils, hérisson, chevreuils, sangliers, chouettes…) dans l’indifférence générale.
A Mignaloux, de part sa proximité de la ville-mère Poitiers, l’habitat s’est densifié, de 1800 habitants en 1978 nous sommes aujourd’hui plus de 5300 mignaliennes et mignaliens à habiter dans ce « quartier Est » de Poitiers qu’est devenu notre commune. Cette croissance de l’habitat profite maintenant aux catégories moins fortunées de poitevins qu’autrefois, et qui cherche à construire au plus près des zones de travail (CHU, Université…).
Ce décollage de l’habitat a vraiment commencé dans les années 1980. On ne peut pas reprocher aux maires successifs d’avoir faciliter l’accès à la propriété pour des « moins riches », à deux pas de la ville-mère Poitiers. D’ailleurs toutes les communes limitrophes de Poitiers ont connu le même essor, la palme revenant à Buxerolles avec plus de 10 000 habitants.
S’il est un reproche à faire à nos élus de tout bord et aux responsables de l’Etat, de la Région, du Département c’est de ne pas avoir anticipé un vrai plan de mobilité péri-urbain et d’avoir délaissé les routes et les lignes TER, les déplacements doux…
Avec en plus la folie politique d’avoir concentrer toute l’activité économique sur l’axe Poitiers Châtellerault ou Poitiers Sud et Poitiers Ouest au détriment de la ruralité, le trafic « pendulaire » devient insoutenable aux heures de pointes de l’embauche et de la débauche, auquel s’ajoutent les bouchons des transhumances vacancières.
Je rappelle que le projet appelé à tort « Déviation ou contournement de Mignaloux » concerne en faite la création d’une voie express Nantes/Poitiers/Limoges en deux fois deux voies et à carrefours dénivelés, autrement dit une forme d’autoroute gratuite et limités à 110 Km/H au lieu des 130 d’une autoroute.
Ce projet est inscrit depuis des décennies. Sur vos cartes routières il est nommé « E62 » ; actuel RN147 dans la Vienne, RN149 dans les Deux Sèvres. Les départements de la Vienne et des Deux Sèvres sont ceux où le projet est le moins abouti. Seulement 8Km en deux Sèvres à la Ferrière et 8km en Vienne à Fleuré. Le contournement de Lussac Les Châteaux va commencer avant la fin de l’année (dixit le maire de Lussac). Il se fera en seulement deux fois une voie avec la création d’un viaduc pour enjamber la Vienne.
A noter que l’État relance une concertation sur le projet de l’Autoroute Poitiers/Limoges alors qu’elle a eu lieu au premier trimestre de cette année et à fait l’objet de multiples réunions de concertation.
Je rappelle que la motion lancée en juin par l’association des élus de 86 et 79, « Voie rapide 147/149 », présidée par Gilles Morisseau, maire de Biard et Vice Président de Grand Poitiers, qui s’oppose à l’autoroute Poitiers/Limoges, tout en demandant avec insistance la sécurisation de tronçons, a retenu l’approbation de toutes les communes concernées par le projet autoroutier sauf deux : Persac et Diénné.
Rappelons que la Route Nationale RN147 Poitiers/Limoges, traversait le campus et aboutissait au Pont Neuf jusque dans les années 1970. Puis est apparu la rocade en 4 voies pour desservir les Couronneries en plein développement. Puis le contournement Grand Est de Poitiers de la RN147, toujours en 4 voies.
Et maintenant, « ils » veulent une nouvelle 4 voies pour raccorder la route de Limoges au Nord Poitiers via Mignaloux Beauvoir exclusivement ou éventuellement via les communes de Savigny L’Evescault et Sèvres Anxaumont.
Tout ça n’a que pour but de mettre plus de bagnoles et de camions sur les routes. A savoir aussi que les Poids lourds arrivant de Lussac ou de Chauvigny qui veulent rejoindre la RN 10 au sud de Poitiers sont obligés de contourner Poitiers par le Nord au grand dame des économies d’énergie tout en impulsant le dérèglement climatique.
Alors que faire aujourd’hui ?
Encore de nouvelles quatre voies ?
Alors que le dérèglement climatique est une véritable épée de Damoclès sur toutes nos têtes, avec ses cohortes d’épisodes de sécheresse, d’incendies, des crues violentes et des tempêtes dévastatrices devraient nous inciter à réfléchir sur un autre modèle de développement et de mobilité, comme l’évoque si bien notre nouvelle députée écologiste de Poitiers 1 Lisa Belluco.
Ne continuons pas dans la mauvaise voie du « tout bagnole et tout camion ». Nos enfants auront tous les droits de nous reprocher de leur avoir laisser en héritage un environnement détruit et une planète de moins en moins vivable.
Des solutions existent. Beaucoup ont déjà été suggérées et étudiées, encore faudrait-il la volonté politique de les appliquer pour «mieux vivre ensemble ici comme ailleurs» !
Mignaloux Beauvoir,
le lundi 10 octobre 2022
Jean-Luc Herpin
Né poitevin y’a 70 ans, Mignalien depuis 42 ans et riverain de la RD951