À l’époque de la Région Poitou Charentes, les élèves des lycées en voyage scolaire recevaient une certaine somme pour chacune des sorties scolaires, de droit.
Les deux premières années de la Région Nouvelle Aquitaine, l’aide aux sorties scolaire était toujours une somme fixe mais il fut introduit la limite de 5 sorties scolaires par année civile et par lycée.
La somme fixe en question doublait quand le voyage se faisait au sein de Nouvelle Aquitaine ou dans le Pays basque espagnol. Il semblait donc que le public scolaire est un client comme un autre qu’on encourage à dépenser ses sous au sein de la Région plutôt que chez les étrangers (étrangers à la Région mais étrangers quand même). C’est une incitation auprès des enseignant-es à privilégier Lascaux plutôt que le mémorial de Caen. Bonjour Éducation.. nationale. Et bonjour les aides aux voyages scolaires en Europe.
La troisième année de Nouvelle Aquitaine, les 5 sorties scolaires par lycée étaient financées de la même façon mais en introduisant une limite supplémentaire à savoir celle d’une enveloppe globale indépassable. Ô, hasard, la somme ne permit pas de financer 5 sorties scolaires par lycée et par an. Une mystérieuse commission régionale, mystérieuse dans sa composition et sa représentativité, décidait si oui ou non le financement était donné, de toute façon en-deça de 5 sorties scolaires. Quand on vous dit « éloignement des citoyen-es des lieux de décisions », en voilà un exemple concret.
Aujourd’hui on assiste peut-être à un tournant. Ainsi un « appel à projet » concernant l’Aragon (une région frontalière d’Espagne) vient de sortir.
Les demandes de subventions concernent les « personnes morales ou physiques, publiques ou privées » qui promeuvent « les actions de coopération des agents socio-économiques néo-aquitains pour la réalisation de projets communs dans les domaines de l’éducation, la formation, la culture et le tourisme avec des partenaires de la Communauté Autonome d’Aragon (Espagne). »
Publié le 14 mars 2018 sur le site de la Région, la demande est à faire par les établissements publics et privés, les associations, les collectivités locales et les entreprises avant le 6 avril, soit moins d’un mois.
Voilà donc l’avenir régional qui singe la concurrence des financements européens et autres, par « appel à projet ». La somme est définie une fois pour toute (ici 140.000 euros), tout le monde peut jouer (public ou privé, gros ou petit), si tu perds c’est que t’as mal joué ou que tu n’as pas été assez rapide.
On est bien loin d’une logique de droit (somme fixe par élève et par sortie), en plein dans la logique du mérite (les concurrents rapides et ayant un spécialiste dans le montage de dossiers seront départagés par la Commission permanente de la Région).
Quand on vous dit que le néo-libéralisme s’immisce par tous les pores de la société…
P. Canaud