Acte XIX, samedi 23 mars à Paris. Parcours déclaré à la Préfecture : Denfert-Rochereau / Montmartre

Denfert-Rochereau, le lion a été serti d’une écharpe jaune.

« Fascisme néolibéral / Macron, la France n’est pas à vendre. »

Une affichette dénonce le recours à l’armée ce samedi 23 mars, aux Champs Élysées au moindre rassemblement…

« Liberté Egalité Flashball »

Aux stations Denfert-Rochereau et Saint Michel, plein de CRS.
Je rejoins le cortège à Châtelet, la fin de la manif est bien encadrée

La manif par ailleurs est calme, festive et chaleureuse, joyeuse et pacifique.

Panneau publicitaire pour Uber Eats modifié avec créativité et subversion : « Au bout de la nuit : le grand soir… »

Florilège de gilets jaunes devenu-es vecteurs d’écrits inventifs et engagés :

« 1789 cahier de doléances Louis XVI / 2019 grand débat, cahier de doléances Macron. La fin est connue (… ) complice du pire. »

« 1789 / 1870 / 1968 / 2018 »

Un couple. L’un a écrit : « Les mauvais jours finiront ; l’autre :  « quand tous les pauvres s’y mettront » ( extrait de la Semaine sanglante, chanson de la répression de la Commune en 1870).

« Ras le bol d’être la vache à lait du gouvernement corrompu qui défend les multinationales au détriment de son peuple, des service sociaux et publics et de la planète. »


« Gilets jaunes de la Courneuve, grève générale / Grève, blocage,Macron dégage 94 »

Au sol, un signe féministe d’égalité femmes / hommes.

Pour rappel : 9,8 % des femmes actives sont en temps partiel subi, alors que 5,4 % des hommes le sont, 54 % des femmes sont au RSA et 46 % des hommes, une jeune femme sur cinq est touchée par la pauvreté, 43 % des employé.e.s sont des femmes, contre 12,6 % d’hommes. Les Gilets jaunes, mouvement contre la précarité et l’injustice sociale, est donc, de fait contre les inégalités de salaire et sociales qui frappent les femmes en France.

Le gouvernement qui continue d’être sourd à ce mouvement social, méprise d’autant les femmes. D’ailleurs, il piétine même les femmes de 75 ans à Nice…

« Égalité femmes / hommes, grande cause du quinquenat », affiche le site du ministère de Schiappa…vraiment ?

Une croix jaune, avec un certain second degré cite « La déclaration des droits de l’homme ». Au verso de la croix, tous les signes des religions monothéistes sont représentés.

Un manifestant prosélyte au premier degré. Amen…la justice sociale !

trois personnes installées dans un canapé observent avec mépris la manifestation derrière une vitrine, comme au spectacle. Une violence se dégage de ce calme polissé derrière leur paroi de verre.

Drapeaux Gwen Ha Du ( breton ) et corse. Un autre drapeau : « Libertad ».

Arrivée à Barbès dans la liesse : « De Paris à Alger, solidarité ! », drapeaux palestinien et algérien.

On entend au loin la Fanfare invisible, fanfare de toutes les manifs depuis la Loi travail. Son tube : «  Du mouvement, du mouvement, du mouvement social ! ». La sœur d’une élève qui m’a reconnue ( je l’avais en 6ème il y a 17 ans ! ), me raconte que ces musicien.nes sont incroyables, ils et elles jouent même parmi les gaz lacrymogènes. D’autres fanfares du même nom existent ailleurs en France, comme en Bretagne. Elles accompagnent les luttes sociales, de façon joyeuse et pacifique et reprennent des standards de lutte. A quand une Fanfare invisible à Poitiers ?

J’ai aussi retrouvé un participant des assemblées constituantes de Gilets jaunes de Poitiers ( tous les vendredis à l’auberge de jeunesse ). On échange des versions différentes de la chanson des Gilets jaunes avec une femme au mégaphone. A Poitiers : « on est là, on est là ! Ça ne vous plaît peut-être pas mais on est là / Contre tout votre bizness, pour le partage des richesses / ça ne vous plait peut-être pas mais on est là ». A Paris «  On est là (…) pour l’honneur des travailleurs… » Il me raconte aussi les projections d’On veut du soleil, de Ruffin au Dietrich à Poitiers cette semaine. Des Gilets jaunes étaient dans la salle, mais aussi un public qui n’a pas tenu les ronds points. La volonté de Ruffin est de faire venir le public « Art et essai » dans le mouvement des gilets jaunes. Pari réussi puisqu’à l’assemblée constituante des Gilets jaunes le lendemain, 10 nouvelles personnes étaient présentes, dont des enseignant.e.s.

Une femme, en entendant que je suis prof, m’interpelle, on commence à discuter, un couple de profs nous rejoint, toutes et tous syndiqué.e.s : CGT, Solidaires, FSU, FO. Nous voilà dans une intersyndicale impromptue ! Un collègue à la retraite souligne la dureté des deux dernières années avant sa retraite (beaucoup d’élèves et peu de moyens), une jeune collègue déléguée syndicale témoigne de la chasse aux sorcières des syndicalistes par certain.e.s chef.fes d’établissement.

Boulevard Rochechouart ( Barbès). Au loin, on voit une foule de gilets jaunes gravir les marches pour accéder à Montmartre.

Je dois repartir prendre mon train. La station Barbès est fermée alors qu’il n’y a plus un.e manifestant.e en vue. Les gens galèrent et doivent aller jusqu’à la station La Chapelle, mais le métro est bloqué là aussi. Les employé.e.s de la RATP annoncent que c’est à cause de la manif. Je démens : elle est partie depuis longtemps. Une employée me répond désolée : « ordre de la préfecture… » ( rappel : un nouveau préfet a été récemment nommé…)

Toute une ligne de CRS attendait à l’angle du boulevard Magenta et Rochechouart, près du métro Barbès. Attendait quoi ? La manifestation était partie. Ce quartier populaire se retrouve donc sous tension. Cette façon de rester à proximité, au contact, de façon ostensible n’est pas un signe d’apaisement, en dépit d’une manifestation très calme.

Après indications de deux dames adorables, je trouve un métro à la gare du Nord.

Vu à la gare Montparnasse, des couvertures de circonstances…

« Les colères populaires, des jacqueries aux Gilets jaunes… »

« Rome, les dernières heures de la République : les suicides des républicains Caton et Brutus, L’avènement d’Auguste et l’Empire autoritaire. »

Les Romains n’avaient peut-être pas la chance d’avoir des personnes engagées dans la transformation sociale et la lutte.. !

Sophie Le Mô.

Rédaction

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