J’ai vu les conditions de travail désastreuses du personnel hospitalier.
J’ai vu des infirmières, des aides soignantes, débordées, à qui on ne laisse pas le temps de déjeuner sur leur lieu de travail, et qui, devant faire vite, n’assurent que les gestes qui rapportent, un sourire, prendre la main d’un patient, répondre à ses angoisses, n’en font plus partie.
J’ai vu le personnel soignant que l’on fait revenir sur leurs jours de congé pour palier les arrêts maladie, avec pour toute réponse de la direction, la lutte contre les arrêts de travail en réinstaurant le jour de carence et en s’attaquant au complément de salaire versé par le CGOS.
Je sais que ce sont les décisions politiques qui ont fait de ces soignants, des maltraitants, bien malgré eux, par manque d’effectif, et de moyens, ce qui est bien sûr la source d’une profonde perte de sens.
Bien trop nombreux sont ceux qui se sont suicidés. Il faut mettre fin au massacre !
Ce sont aussi des décisions politiques qui ont mis en place la tarification à l’activité, un outil utilisé jusque-là par les cliniques privées, imposant des temps de consultations aux médecins pour plus de rentabilité, après calcul de ce que rembourse l’assurance maladie, du coût des infirmiers et du personnel hospitalier. Et c’est cette tarification à l’activité mise en place par le gouvernement, liant les recettes de l’hôpital au nombre d’actes et de consultations enregistrés par l’établissement, qui a encouragé toutes les dérives !
J’ai vu le nombre de courses imposées aux ambulanciers dans un objectif de rentabilité pour un salaire de 1250 euros par mois alors qu’ils ont déjà, à 40 ans, le dos, les épaules bousillés – et la sanction à la note lorsqu’ils n’ont pas atteint« l’objectif » par le refus du quart de point supplémentaire qui a une influence directe sur le déroulement de carrière, l’avancement d’échelon, les avancements de grade, mais aussi la répartition de la prime de service versée en fin d’année et le salaire à la retraite.
J’ai vu le personnel administratif et les secrétaires médicales en sous effectif, mis sous pression, constamment épiés, soupçonnés, supporter des charges de travail inhumaines pour un salaire n’atteignant pas les 1400 euros par mois après 20 ans d’ancienneté.
J’ai subi les entretiens d’évaluation du personnel, au cours desquels, les cadres obéissant à des directives implacables, vous rapportent ce que les gens pensent de vous, dans le but de vous soumettre, de vous humilier, de vous fragiliser mais aussi de vous diviser, de créer des conflits entre salariés.
J’ai vu les ambiances de travail délétères dans les services, parce que le personnel rejette cette violence sur leurs collègues, au lieu de s’en prendre aux véritables responsables.
J’ai vu les rendez vous des patients reportés, deux fois, trois fois par manque d’effectif, j’ai vu des patients hospitalisés sortir sans avoir pu bénéficier de l’examen demandé par leur médecin parce qu’il faut libérer les lits, des patients que l’on fait revenir le lendemain même s’ils sont âgés, épuisés et habitent à plus de 50 kms.
J’ai vu aussi des médecins ne pas pouvoir obtenir à temps un examen pour leur patient.
J’ai vu les conditions d’hospitalisation des patients, qui de plus en plus sont opérés en ambulatoire, et sur qui on exerce des pressions afin qu’ils trouvent quelqu’un pour les accompagner et pour assurer la surveillance post opératoire qui devrait se faire à l’hôpital, j’ai vu aussi des personnes seules refuser ces opérations.
Le personnel de l’hôpital est embauché pour partie en CDD renouvelés pendant 7 à 10 ans, très peu de salariés sont titularisés, avec la précarité que cela implique, comme ne pas pouvoir obtenir de prêt immobilier, des CDD auxquels les salariés ne peuvent mettre un terme lorsqu’ils n’en peuvent plus, la direction leur demandant de lui remettre une lettre de démission avec pour conséquence la perte de leur droit au chômage payé par l’hôpital !
Je sais que le CHU de Poitiers fait 30 millions de bénéfices. Sur le dos de qui ?
Sur le dos des employés à bout, et des restrictions budgétaires.
Parce que ce sont des raisons d’économie budgétaire et des critères de management qui prennent le pas sur la reconnaissance acquise et les qualifications, parce que leur seule volonté est d’isoler les agents et les mettre en concurrence pour plus de rendement, parce que face à la dictature des chiffres et des statistiques, face à la dégradation des qualités de travail et aux suppressions de postes, ce sont nos vies et nos repères professionnels que l’on broie.
Et en plus, l’État s’apprête à supprimer 20 000 emplois supplémentaires dans la fonction publique hospitalière, alors que le personnel n’en peut déjà plus !
L’Éducation nationale, la Sécurité sociale, la SNCF, la Poste, le Trésor public, la Justice, etc …tout le service public est sous pression, nous sommes tous en danger, tous concernés.
C’est pourquoi aujourd’hui je suis Gilet Jaune.
Pour me battre contre cet État assassin au service des milliardaires.
AGENTS HOSPITALIERS ET PATIENTS, REJOIGNEZ- NOUS !
BATTONS – NOUS ENSEMBLE !
PARCE QUE LA SANTÉ EST L’AFFAIRE DE TOUS !
Dimanche 14 avril 2019