Un article de M. Mai, à la fois rage et appel

« Une courte trêve, quand on y repense, cette campagne électorale. Et au bout du compte – un compte bien trop vite fait, comme bâclé, vu les circonstances – quel sens lui donner ? Perso, y’a des lustres que je ne crois plus à la représentativité. J’avais néanmoins accroché à cette campagne quelques rêves d’alternatives. Au moins faire entendre d’autres voix, dire bien haut que la politique est l’affaire de tous/toutes et qu’il est fort déraisonnable de remettre son quotidien, son présent, ses rêves, ses envies et son futur entre les mains de quelque élite qui se hâtera de vous oublier, une fois la campagne terminée. Parler aussi de l’état du monde, de nos sociétés, des individus atomisés qui la composent – preuve que s’il y a bien une seule chose que les politiciens aient jamais anticipée, c’est leur plan de carrière. Parler aussi de la marchandisation du vivant, infinie et irrépressible.

De quoi ce 15 mars est-il le signe – concret ? De la fin avérée d’un système, électoral, représentatif. Que les plus hardis / optimistes / inconscients / motivés – n’eussent-ils été que 5 % des électeurs – se hâtent d’aller glisser leur chèque en blanc dans l’urne. Et qu’on n’en parle plus ! Que cette élection ait été expédiée à la va-vite, jouée telle un coup de poker (menteur – et tricheur), et comme compressée, montre le peu de cas que font les élites du seul scrutin qui soit encore au niveau des gens. Leur calendrier même est un aveu : dimanche vote, lundi confinement – et ces 2 dates qui se suivent disent en fait tant de choses sur la comédie qu’ils nous jouent depuis si longtemps.

Nous étions en train de nous réapproprier l’espace public. Nous étions en train de nous re-politiser. Nous étions nombreux, bruyants, débordants…. et contagieux ! Oups !

Ils ont trouvé le moyen de nous terrer comme des rats. Sans parler de « complot » (ce mot si pratique quand on veut faire passer pour dingo une voix dissidente), il faut bien dire qu’il est sacrément opportun, ce micro-organisme très volatile et même pas fichu d’être stoppé par une frontière, comme un vulgaire nuage radio-actif !

Ils ont trouvé le moyen de nous couper les ailes. En pleine ébauche de processus d’apprentissage du vol – et du vol en escadrille, qui plus est ! Et on est là, dans nos cages, plus ou moins petites, plus ou moins supportables, à tenter d’interpréter infos et contre-infos, à ruminer en cuisinant les pâtes de mille manières et en comptant les feuilles de PQ qu’il nous reste (leurs laisser-passer feront l’affaire, tant ils sont vite caduques – et ils méritent pas mieux)…. et à jurer qu’il faudra pas louper le « jour d’après », reprendre la main et leur présenter la/les facture(s).

Pour même les plus insoumis d’entre nous, ceci ressemble à une reddition. Nous sommes faits comme des rats, condamnés à regarder, passivement, l’ennemi approcher en décimant sur son passage et à attendre d’être – ou pas – parmi les prochaines victimes. Ils ont trouvé le moyen de nous maintenir dans cette attitude résignée et fataliste : nous priver de la protection élémentaire – LE masque, distribué de façon cyniquement très calculée …. et fabriqué de mille manières par mille bonnes volontés, la plupart du temps en amateur et non dépourvu de risques.

Et que dire du choix du confinement ? Et de cette paradoxale (et perverse) injonction : »Restez chez vous ! » ? C’est avant tout l’arme rêvée d’un État en voie de totalitarisme très avancé et débordé par les vagues de mécontentement incontrôlables même en faisant usage d’une violence de plus en plus assumée. Parce qu’outre cette raison, on peut s’interroger sur la légitimité de ce choix. Au XIXe siècle, le cantonnement était efficace contre les épidémies de choléra ou autre. Mais à notre époque, il semble évident que le confinement d’une aussi large multitude n’est, pour diverses raisons, pas possible. En raison de notre nombre, bien sûr, et aussi pour des motifs économiques certains. Et aussi – pas la moindre des raisons – parce que nous sommes des êtres ultra-dépendants, pour chacun de nos besoins les plus élémentaires.

Et on en revient à l’échelon local. Et on reparle des responsabilités et des missions d’un maire. De sa mission de sécurité sanitaire, précisément. Qu’attendons-nous pour demander expressément aux maires de nos communes : 1) la distribution généralisée de masques réellement protecteurs (ça n’a pas de sens de trier les gens « à risques » : en contact les uns avec les autres, nous sommes tous « à risques ») 2) la mise en place d’une campagne de dépistage à l’échelle de leur commune (seul moyen d’isoler les personnes dont le test serait positif, de les soigner rapidement, parfois avant tout symptôme, et de protéger les autres) ? Demander également, comme vient de le faire Douste-Blazy, relayant d’autres appels, que chaque médecin puisse ordonner ce traitement réservé aujourd’hui aux seuls patients hospitalisés – alors qu’il serait utile dès les premiers symptômes, et bien plus utile à ce moment-là. Il me semble que chaque médecin est libre de ses prescriptions – en accord avec son patient, bien sûr !

Le confinement – le seul confinement – n’est pas de la médecine. Et face à une maladie infectieuse, c’est d’une démarche médicale qu’on a besoin. Nous perdons du temps. Le virus en gagne, et ceux qui nous gouvernent également.

Celle-ci n’est pas n’importe quelle « crise », ni une Nième crise de plus. C’est un avertissement, plus visible et spectaculaire, puisqu’on est majoritairement restés aveugles et sourds aux précédents. Nous sommes en train d’abandonner ce qui nous reste de « démocratie », et avec elle la perspective d’un futur viable, (plus) égalitaire et fraternel. Alors que nous avons tous, ensemble, tellement à faire pour sauver ce qui peut l’être et poser les bases du nouveau monde. Intubés ou entubés – on nous fait croire qu’il n’y a pas d’alternative. Trouvons la 3e voie ! La progression dramatique de cette « crise sanitaire » n’est pas une fatalité, c’est un choix ! L’attentisme – le nôtre – risque de nous coûter très cher, dans bien des domaines, les premiers étant la santé et la liberté.

Pas les moindres, non ?

Marie Mai – le 28 mars 2020″

                                                                     

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