La première chose à faire pour réparer une erreur c’est de l’identifier et de la reconnaître.

En ce sens le rapport Folz fait une analyse honnête et courageuse des dysfonctionnements apparus dans le chantiers de l’EPR de Flamanville (FA3). Il confirme tous les dysfonctionnements constatés par les observateurs de ce chantier depuis son démarrage. Mais de plus, il apporte des éléments nouveaux concernant la direction et la gestion du chantier qui ont été défaillantes. Ces dysfonctionnements ne pouvaient pas se voir de l’extérieur du système.

Le rapport Folz dresse l’arbre des causes du fiasco du chantier EPR FA3, je cite :

  • Une kyrielle d’événements négatifs ,
  • Une estimation initiale irréaliste,
  • Un projet exceptionnel par sa taille et sa complexité,
  • Une gouvernance de projet inappropriée ,
  • Des équipes de projet à la peine,
  • Une organisation complexe des ressources d’ingénierie,
  • Des études insuffisamment avancées au lancement,
  • Un contexte réglementaire en évolution continue,
  • Des relations insatisfaisantes avec les entreprises,
  • Une perte de compétences généralisée,

En résumé, ce rapport:

  • enfonce des portes ouvertes, en confirmant officiellement les déboires technologiques, « la kyrielle d’événements négatifs » (anomalies des bétons, soudures, aciers,soupapes, dossiers barrés du Creusot, traitements thermiques des soudures…)en dénonçant les estimations fausses du devis et du délai, en déplorant la perte de compétences de la filière nucléaire.
  • enfonce des portes bien fermées en révélant la mauvaise organisation du chantier, des études insuffisantes génératrices de contre temps préjudiciables à la sérénité des travaux, et l’absence de coordination entre les 150 entreprises intervenantes.
  • et laisse bien verrouillées des portes qui enferment d’autres dysfonctionnements structurels tels que : la sous-traitance, le tissu industriel à structure horizontale. La sous-traitance de compétences qui a dérapé vers la sous-traitance d’économies, avec une perte nette de qualité de service. Mais surtout, cet audit ne va pas au fond du problème que rencontre la filière nucléaire: la sortie du nucléaire est déjà engagée dans le monde e ;n raison des grands accidents nucléaires, et surtout à cause des coûts de construction et de fonctionnement des centrales ; les constructeurs Westinghouse et AREVA ont fait faillite ; Siemens, le fournisseur de la turbine, s’est retiré prudemment du programme EPR après Fukushima. Les fournisseurs d’électricité privés ne veulent plus de nucléaire parce qu’il n’est plus rentable. Seuls les fournisseurs étatisés poursuivent cette option qui conserve la particularité originelle de fournir du plutonium et du tritium pour les bombes atomiques .

Le rapport Folz reconnaît le triple fiasco, technologique, financier et organisationnel de ce chantier. Mais son objectif n’est pas de condamner la filière nucléaire française à disparaître. Au contraire, il fournit les pistes pour entreprendre la rénovation du parc nucléaire français avec la construction de six nouveaux EPR !

La conclusion du rapport, en décalage complet avec les analyses des dysfonctionnements du chantier EPR, surprend par son excès d’optimisme.

D’entrée on peut lire: « La construction de l’EPR de Flamanville aura accumulé tant de surcoûts et de délais qu’elle ne peut être considérée que comme un échec pour EDF… »

Mais plus loin : «  C’est pourtant bien cette exigence de qualité à toutes les étapes du processus , depuis les études de conception jusqu’aux spécifications techniques de détail , depuis les opérations lourdes de fabrication jusqu’au dernier geste du soudeur, qui fera le succès des chantiers futurs ».

Folz, de formation X-Mines, ne peut pas trahir sa famille: il croit encore à l’avenir du nucléaire. Il a la foi du charbonnier (que le nucléaire prétend remplacer). Il estime donc que le fiasco de la filière nucléaire pourra être corrigé facilement et rapidement en France et se transmuter en succès.

Par conséquent nos ministres Edouard Philippe (ex cadre AREVA) Le Maire et Borne chargent le PDG d’EDF de restructurer la filière nucléaire française en un peu plus d’un an pour construire 6 nouveaux EPR. AREVA a fait faillite, et ils veulent la recréer ! Et très vite !

Le gouffre financier sera à la charge du contribuable et du consommateur, mais seul un coup de baguette magique, à la manière de Mélusine, pourra faire disparaître les carences organisationnelles et les insuffisances techniques.

Jacques Terracher, le 03/11/19

Rédaction

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