Il est entendu que « la guerre de l’eau » a commencé. Il est aussi entendu que la guerre, si guerre il y a, est largement inégale. La propagande gouvernementale, structurée par la FNSEA et les irrigants (souvent les mêmes) inonde les médias sur la nécessité économique de préserver de l’eau pour irriguer les terres de « ceux qui nous nourrissent » . On ne reviendra pas ici sur les mensonges et les raccourcis de ces discours, tellement semblables à ce que l’on entend sur les retraites !
Jusqu’au président du conseil départemental de la Vienne, Alain Pichon, qui, insatisfait des conclusions de l’étude HMUC (Hydrologie, Milieu, Usage, Climat) convoque les maires de la Vienne pour leur expliquer que l’on a pas pris en compte les conséquences économiques des contraintes mises aux irrigants pour faire baisser les prélèvements ! Un comble ! Doit-on rappeler à Monsieur Pichon que le premier usage de l’eau est bien l’accès à l’eau potable, la préservation des milieux et ensuite seulement les usages agricoles et industriels ?
Sur les enjeux de l’eau, Web86 a suffisamment relayé les arguments et les initiatives des opposant.es aux bassines pour ne pas sans cesse y revenir. Toujours, comme sur les retraites, comme nous n’avons pas compris, on va nous réexpliquer. La concertation à la sauce macroniste : ma porte est ouverte pour ne rien avoir à vous dire de plus. La manifestation qui a eu lieu aujourd’hui à Sainte Soline avec un nombre record de participant.es (plus de 20 000 à coup sûr) est encore la démonstration éclatante de « la démocrature » dans laquelle nous nous enfonçons. Ayons en tête la phrase de l’écrivain Nicolas Mathieu dans son texte du 18 mars à propos des retraites : « Savez-vous quelle réserve de rage vous venez de libérer ? »
Aujourd’hui, il y a eu des affrontements parfois violents, il y a eu des blessé.es, beaucoup plus chez les manifestant.es, (200, un manifestant dans le coma avec un pronostic vital engagé) que parmi les forces de l’ordre, dans tous les cas c’est à déplorer. Ce que l’on constate surtout, c’est la hausse constante du niveau de violence porté par le pouvoir en place qui utilise la police comme une « arme de répression massive » où on ne fera jamais le poids face aux LBD et autres grenades de désencerclement. Grenades utilisées en quantité considérable samedi 25 mars. (plus de 4 000 selon les médias !) Avec les blessé.es qui vont avec. Comparez une photo de l’équipement des CRS des années 70 à leur équipement actuel : beaucoup les appellent aujourd’hui des « robocop » : c’est tout dire !
Enorme manifestation aujourd’hui, vraiment énorme : le château n’a pas été pris mais la mission était impossible. Les « forces de l’ordre » par centaines, retranchées autour d’un trou ! Canon à eau, blindés de la gendarmerie, quads, camions servant de rempart et palissade renforcée de barbelés. C’est déjà une réussite éclatante que d’avoir pu ridiculiser (au prix de blessé.es trop nombreux) la préfète des Deux Sèvres qui avait décrété comme à l’automne dernier la manifestation interdite et l’accès verrouillé. Pas de bol, nous sommes venus en nombre.
Darmanin a beau pérorer sur l’ultra gauche et hurler au terrorisme, l’eau est bien aujourd’hui au centre de l’inquiétude de la population. L’hiver est fini, le printemps lance les hostilités en attendant l’été. Il y aura d’autres Sainte Soline, on ne nous laisse pas vraiment le choix.
D. Leblanc