Il en a fallu des défaites :
- le referendum de 2005 sur la constitution européenne pour lequel la majorité des citoyen-nes a voté non et qui a quand même été appliquée par la gauche et la droite de gouvernement
- les mouvements syndicaux (lois travail El Khomri et Penicaud, réforme des collèges puis des lycées, et une liste sans fin) que le pouvoir en place a toujours combattu, sans aucune négociation
- la crise de 2008 provoquée par les spéculateurs et payée plein pot par la population (chômage, salaires, restriction des droits sociaux pour la santé notamment)
La seule et unique bataille d’ampleur gagnée depuis des décennies, si on y réfléchit bien, a été celle de Notre Dame des Landes.
Il en a fallu des démonstrations :
- Le MEDEF qui a un président, des députés, des ministres et des Régions dans sa poche et qui n’est jamais rassasié de milliards d’argent public (cadeaux de la suppression de l’ISF et de cotisations sociales, CICE) et qui se gave de l’exploitation de celles et ceux qui ont encore un travail.
- Les gouvernements Sarkozy, Hollande, Macron qui envoient les CRS et gardes mobiles taper à bras raccourcis contre les manifestant-es pacifiques
- la FNSEA (le syndicat de l’agro-business) qui a un président, des députés, des ministres et des Régions dans sa poche et qui s’engraisse avec l’argent public et refuse une politique impliquant de moins nous empoisonner
Il en a fallu beaucoup, beaucoup de défaites, de démonstrations, de malheurs, pour qu’aujourd’hui apparaisse au plus grand nombre la conscience claire que, pour nos élites politiques, médiatiques et économiques, nous sommes entièrement et uniquement .. de la merde.
Il en a fallu beaucoup pour que aujourd’hui l’idée fondamentale du système se fasse jour : c’est pas les étrangers contre les français, les noirs, beurs contre les « blancs », les chômeurs et les retraité-es contre les « actifs », les salarié-es du public contre celles et ceux du privé. Non. La base du système c’est que la raison de vivre des élites politiques, médiatiques et économiques c’est de plumer, d’essorer, d’empoisonner, d’exploiter, de faire taire… 90% de la population.
Il a fallu qu’ils en fassent beaucoup nos élites pour que meure enfin l’espoir dans la population que la raison du bien commun serait entendue par la déraison des élites.
Il en a fallu beaucoup pour qu’aujourd’hui se développe malgré tout ça un mouvement social spontané, qui ne cesse d’avoir l’assentiment majoritaire de la population.
Ce mouvement social, avec tous ses défauts, ses ambiguïtés (cf ci-dessous) mais avec toute son énergie, ouvre une situation qui se rapproche d’une possible crise de régime.
Parce que depuis des décennies, les élites politiques, médiatiques et économiques, ont mis en place un système qui est sa propre caricature : « je ne céderai jamais sur rien ».
Eh bien voilà.
Ça commence enfin à y ressembler.
La problématique commence à être posée à grande échelle : C’est eux ou nous.
Stop ou encore ?
Pascal Canaud
Post Scriptum :
Le syndicalisme de véritable transformation social (Solidaires, CGT, FSU) va-t-il saisir la perche tendue ? Les partis politiques de transformation social (PCF, Insoumis, EELV) vont-ils cesser de cultiver leurs intérêts bureaucratiques au détriment du débat honnête, respectueux dans l’union des forces ? Le retournement médiatique (manifestation= « preneurs d’otages des usagers et de la production », « casseurs ») va-t-il affaiblir le mouvement ?
Poitiers
(images : PC)
Pas mal de personnes habituées des cortèges revendicatifs dans ce cortège.
L’image ci-dessous était sur un taxi qu manifestait. Il renvoie à un site ouvertement d’extrême droite qui, lui, a des idées bien précises pour remettre un ordre… discriminatoire, pour diviser les gens d’en bas, suivant leur couleur de peau ou leur plus ou moins faible revenu.
Les ambulances aussi manifestaient :
Châtellerault
(photos Christian Haffner)