Dans la Vienne comme ailleurs, pas de miracle quant à la participation (environ 32 %), mais des évolutions qu’il faudra garder en tête. Sur les cantons de Poitiers (1 à 5) on notera ce qui était déjà relevé à la suite du premier tour : le parti Socialiste a quasi disparu de la circulation en ne conservant que le canton de Poitiers 4. Une autre lecture que celle du « triomphe » d’Alain Rousset aux régionales.

Retour sur ce 2ème tour dont les résultats étaient attendus, à quelques nuances près…

Sur Poitiers 1 : victoire du duo centriste/macroniste et Objet Politique Mal Identifié (OPMI) Brottier/Fontaine qui gagne grâce à Fontaine Le Comte, où le nom de Brottier est connu… Il y réalise en effet 66,6 % pour 52,45 % sur l’ensemble du canton avec une participation à hauteur de 38 % des inscrit.es contre 34,8 % pour les autres bureaux de vote… Ça aide un peu quand même. Au final, les candidat.es de la « Vienne en transition » Bayou/Giry réalisent un score plus qu’honorable avec 47,55 %, près de 56 % à Biard (avec une participation de 40 %) et 52,25 % sur les bureaux poitevins. Mais une fois encore, ce sont les bureaux des quartiers populaires qui ont le moins voté (Mermoz 39 et 40) : 25 % ! Soit 13 % de moins qu’à Fontaine Le Comte et 15 % de moins qu’à Biard !

Pour Poitiers 2, les perspectives était plus claires dès les résultats du 1er tour connus : la victoire avec 56,5 % pour les candidats de la « Vienne en transition » était dans les tuyaux. Les candidat.es Devergne/Rhallab réalisent ainsi 55,2 % à Buxerolles et 57,75 % sur les bureaux poitevins… Et l’abstention, encore et toujours : 67 % sur le canton mais 64 % sur Buxerolles. Les bureaux de Poitiers (une bonne partie sur la ZUP) ayant voté à 31,6 % avec toujours une participation très différenciée. Le bureau A. Daudet 50 (sur la ZUP) a voté à 19,5 %…

Poitiers 3 offrait encore une autre configuration avec un duel entre la « Vienne en transition » et un binôme qui a été difficilement identifié y compris par la presse locale, qui le présentait parfois divers gauche + divers droite ou UCD (Union du Centre et de la Droite) ou encore Divers Centre… Isabelle Soulard, élue sortante n’a pas non plus été aidée par ses anciens amis socialistes qui ont fait preuve d’une pénible cacophonie tout au long de la semaine. Les un.es appelant à voter pour elle pour se contredire quelques heures après, les tweets se succédant dans tous les sens… Au final, le duo Harris/Vouhé emporte la mise avec 52,4 % des voix. Une victoire qui laissera des traces chez les Socialistes et qui fait renoncer l’élue sortante à toute activité politique future.

Sur Poitiers 4, seul.es restaient au second tour Catherine Bourgeon et Mathias Aggoun, l’ancien directeur de cabinet d’Alain Claeys face aux candidat.es de la « Vienne en transition » : sa victoire n’est pas étrangère à la présence sur le canton de P. Grégoire, candidat LREM, éliminé au premier tour mais aussi ancien membre du PS… ou encore celle de B. Fourka, candidat sur la liste d’A. Claeys aux municipales, rescapé d’une pré-candidature ratée aux municipales sous la bannière LREM en 2020. Au final, la conjuration des battus a permis d’élire le candidat socialiste avec 58,75 % des voix. Distinguons une fois de plus le vote de Mignaloux-Beauvoir qui pèse lourd avec 66 % des voix pour le binôme élu (Aggoun/Bourgeon) et en parallèle l’abstention sur les bureaux de Beaulieu : 74 % !!!

– Dernier canton « poitevin » celui de Poitiers 5 qui avait vu au premier tour la défaite (pour une poignée de voix) du macroniste pur sucre Sacha Houlié, député LREM de la circonscription de Poitiers 2. Pour lui, c’était sans doute un passeport pour à minima une présence au 2ème tour mais les électrices et électeurs du canton en ont décidé autrement. Exit donc S. Houlié au grand bonheur des candidat.es de la « Vienne en transition » qui là encore étaient présent.es pour le second tour. Ce qui n’était pas gagné d’avance.

La paire d’élu.es de Ligugé et de Saint Benoît, Joyeux/Peltier qui représentaient la droite locale a bien entendu fait le plein de voix dans ces deux communes : avec 40 % de votes à Ligugé (64,6 % des voix) et 36,3 % à Saint Benoît (65,2 % des voix) soit au total sur le canton 57,9 %. Mais le score réalisé par la « Vienne en transition » et ses candidat.es Kitoyi/Piquet sur les bureaux de Poitiers est encore à noter avec 54,9 % des voix. (et 65 % sur P. Blet 23 !) Avec sur les bureaux de T. Lainé et J. Brel une abstention record, de 70 % à 80 % selon les bureaux.

Et maintenant ? Un PS local très affaibli (il ne garde qu’un canton après avoir perdu la mairie en 2020) et l’installation dans le paysage politique local d’une gauche « non-socialiste » sous « forte influence verte ». Ce qui n’est pas rien mais ne doit pas cacher une forme de reconstitution d' »Union de la gauche » sous domination écologiste. Qu’a t-on vraiment à y gagner ? Comment prendre en compte la diversité de l’ensemble des forces politiques progressistes ? Et les citoyen.nes qui se sont éloigné.es de la « chose politique », dégouté.es de tout ou très sceptiques sur les divisions et « l’affrontement des egos » ?

Voilà des questions qu’il faudra bien traiter à l’heure où la « primaire citoyenne » fait son chemin pour ne pas se résoudre à un affrontement stérile entre écologistes, insoumis, communistes,… Ces élections avec le niveau d’abstention atteint et ce qui en sort au final, rebattent les cartes et pourraient mettre en perspective autre chose qu’un second tour des présidentielles déjà écrit d’avance.

Il peut se passer bien des choses d’ici à avril 2022… : même si Macron (et Le Pen) ne le veulent pas,…

D. Leblanc

Dom

2 réactions sur “Après les départementales du 27 juin et en attendant 2022… (2)

  1. Merci de ces explications claires et parfois même teintées d’humour.
    On en a bien besoin dans ces temps moroses…
    Voir le PS se ramasser, cela me réjouit.
    Mais ne saurait suffire, à l’heure où il veut mettre Hidalgo sur la rampe de lancement de la présidentielle…
    Une autre gauche plurielle et radicale est nécessaire et possible, pour rompre avec le capitalisme destructeur.
    Mais je ne crois guère à une entente efficace en moins de 10 mois…
    Les temps à venir risquent d’être bien compliqués. 😒

  2. Bonjour et merci pour vos réflexions : en effet 10 mois, c’est bien court mais il peut se passer tellement de choses en 10 mois ! Il s’en est déjà passé pas mal ces derniers mois qui bouleversent le « corps social » en profondeur. On sent bien la nécessité de réagir et d’être à la hauteur (radicalement pourrait-on dire) mais il manque (encore ?) l’impulsion pour le faire…

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