La relation entre excès des prélèvements d’irrigation en nappes superficielles libres et la pénurie imminente d’eau potable a été rendue visible par la perte de la moitié de son débit par la source de Fleury qui fournit près de la moitié de l’alimentation en eau potable de Grand Poitiers à 12 communes. Et le lien structurel est évident entre déficit quantitatif et aggravation des pollutions : autant de pesticides dilués dans toujours moins d’eau.

autant de pesticides dilués dans toujours moins d’eau.

Eaux de Vienne ne semble pas le voir et fait comme si les alertes répétées relevaient d’une succession de cas isolés et que les bonnes vieilles mesures curatives allaient régler les problèmes.

Mais pas de chance pour M.Kocher, Directeur d’Eaux de Vienne : ses déclarations rassurantes au JT de FR3 le 23 septembre sur la pollution aux pesticides de l’eau « potable » du secteur de Lusignan auraient peut-être pu passer sans les 2 pages du Monde du même jour sur la pollution par les pesticides des eaux « potables » distribuées en France.

D’abord M. Kocher s’est trompé en estimant à 3 ans le délai autorisé par dérogation avant règlement du problème : c’est le double avec un renouvellement automatique de la dérogation pour 3 ans.

Mais surtout il a tenu des propos indéfendables sur l’absence d’impact sur la santé humaine de la contamination par les métabolites du S métolachlore, dont l’ESA metolachlore et l’OXA métolachlore, largement présent en Vienne, sous prétexte que seule une consommation de longue durée serait dangereuse.

Or nous apprenons dans Le Monde que l’ESA metolachlore, classé il y a 10 ans par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) comme simplement irritant pour la peau est désigné depuis juin 2022 cancérigène de niveau 2 (c’est à dire suspecté) par l’Agence Européenne des produits chimiques.

Or la règle est d’apprécier la toxicité d’un métabolite à partir des propriétés de sa molécule mère. Problème majeur : l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) a suspendu la procédure de réévaluation de S métolachlore faute de données pour évaluer son potentiel de perturbateur endocrinien. Seul M. Kocher aurait les données ?

Et avec des usines de traitement ?

Si M. Kocher est vraiment mal venu de certifier l’innocuité de 3 ou 6 ans de consommation de l’ESA metolachlore, il l’est aussi de faire semblant de croire que la multiplication des usines de traitement réglera le problème. Selon Le Monde le Haut conseil de la Santé Publique estimerait « peu ou pas efficaces » les actions curatives « traditionnelles »mises en œuvre. On s’en doutait. Comment pourrait-on éliminer des métabolites jamais identifiés et cherchés ?

La réévaluation des effets des métabolites du S métolachlore n’est pas un cas isolé : c’est un véritable « choc de connaissance » à l’échelle nationale qui a conduit M. Remy Coopman, président d’Eaux de Vienne, lors de la dernière Commission Consultative des Services Publics Locaux (CCSPL), le 13 septembre dernier, à parler d’un bouleversement inattendu dans l’appréciation du niveau de pollution par les pesticides en Vienne.

Derrière cette surprise : une instruction de la Direction Générale de la Santé en décembre 2020 a conduit les Agences Régionales de Santé (ARS) à rechercher enfin les métabolites de pesticides, d’où la « découverte » qu’en un an le taux de français consommant des eaux non conformes aux normes de qualité était passé de 5,9 % en 2020 à 20 %, soit 12 millions de personnes !

Il suffisait de chercher… mais c’est complexe et ça coûte cher.

Qu’en est il exactement en Vienne ?

Nous n’avons que des données parcellaires au fil des alertes, alors que la Direction Générale de la Santé a les chiffres.

Michel Laforcade, ex Directeur Général de l’Agence Régionale de Santé Nouvelle Aquitaine, témoigne de l’ « incapacité à regarder la réalité » qui a caractérisé l’attitude de l’administration devant les pesticides : »cela pourrait devenir le prochain scandale de santé publique ».

Il sait de quoi il parle.

J.L. J.

Rédaction

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