Amis gilets jaunes, et / ou sans gilets jaunes mais avec deux-trois brins de conscience sociale, voici une proposition d’action sociale (et culturelle) concrète à mener dès aujourd’hui et dans les semaines à venir : le réalisateur Gilles Perret (La Sociale, 2016 ; L’Insoumis, 2018), accompagné du député François Ruffin (Merci Patron, 2016), a pris le volant et la caméra la semaine du 11 décembre pour un road trip à la rencontre des gilets jaunes de France. Ils en sont revenus les étoiles plein les yeux, et surtout avec un projet de film actuellement en montage : J’veux du soleil.
La sortie est prévue le 4 avril, mais c’est dès à présent que commence la demande de diffusion du film: soit auprès des cinémas, soit directement sur les rond-points. C’est-là qu’une ville comme Poitiers aurait la possibilité, grâce à cette diffusion, de superposer à ces visages son propre combat, sa propre tentative de structure du mouvement, qu’elle continue encore aujourd’hui. Nous savons, car l’une des gilets jaunes en avait témoigné lors de la soirée au Biblio café organisée par l’IEPOP, que l’une des grandes idées qui fait tenir leur mouvement, c’est la certitude de ne pas être seuls. Eh bien, voilà l’occasion de les voir, ces autres visages, leurs doubles. Leur histoire contée par d’autres que les grands médias qui les ont de moins en moins trouvés tout nouveaux tout beaux, au fur et à mesure que leurs revendications étaient un peu trop sociales à leur goût.
Que ce film puisse organiser la rencontre de nos gilets jaunes avec Marcel, sur le rond-point de Dions dans le Gard, fils d’un réfugié espagnol et ouvrier. Représenté en grandeur nature par un artiste, ce membre du rond-point est devenu un symbole de lutte, mais le portrait a été détruit à ce jour par la police.
Diffuser ce film à Poitiers constitue une étape dans la reconnaissance et la considération des gilets jaunes de Poitiers. Ils existent, et on regarde leurs camarades sur grand écran, comme on s’est déplacés pour les Klur dans Merci Patron. Comme beaucoup d’entre eux auront peut-être pu s’identifier de près ou de loin à ce couple. Les gilets jaunes sont tout autant de famille Klur, et il s’agirait d’entendre à la fin de la projection de ce film leur parole, de l’inscrire dans la mémoire collective. Projeter ce film en offre l’une des possibilités.
Peut-être que les gilets jaunes de Poitiers, après toutes ces semaines de mobilisation, à créer du lien social et fraternel entre eux et les passants, à pressentir que la vie ne sera plus la même avant et après, eux aussi méritent de voir leurs visages peints, dessinés, photographiés, filmés, écrits, gravés dans le marbre.
Alice Lebreton